Pourquoi s'opposer au Front national?

 INTERET-GENERAL.INFO  Berlin, Porte de Brandebourg, avril 1945

Le FN monte vers le pouvoir. Aucun des médias «officiels» ne semble vouloir lui faire barrage ni même faire connaître au public la réalité profonde de ce parti et de son idéologie, inchangée en dépit des apparences républicaines que tente de lui donner Le Pen (nous laissons tomber le (faux) prénom de Marion, pour des raisons évidentes dont la première est que le père est officiellement rangé des voitures).

Face à cette incurie des médias (voire à leur complaisance, condamnable eût-elle pour seule finalité d'accroître la visibilité d'un parti repoussoir pour en favoriser d'autres – manipulation qui nous valut sous Mitterrand l'entrée du FN à l’Assemblée nationale), il revient au net de combattre la bête immonde.

Nous ouvrons ce forum à toutes les discussions, analyses, informations et protestations susceptibles de contribuer à ce combat.

Et pour tirer les premiers nous vous invitons à lire cet article publié sur Politproductions.

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Commentaire(s)

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Allons donc! c'est sûrement un coup monté de l'UMP! Tout comme dans le cas de Nadia Portheault et des autres... Et comme à chaque fois, la direction du FN se dérobe derrière une justification ad hoc pour hurler à la manipulation... Lol!

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C'est en ces termes cyniques et peu laïques que Marine Le Pen a justifié au micro de Ruth Elkrief (BFMTV) le mensonge effronté de Paul-Marie Coûteaux à la presse. Aucun regret. Rien de très grave, rien que de banal, pas l'affaire du siècle! Florian Philippot avait déjà essayé de le dire à Maïtena Biraben au cours de l'émission qui a révélé le mensonge du recruteur du FN; mais sa langue avait fourché: «Vous n'avez jamais eu devant vous un homme politique qui ne vous a pas menti?»...

Plus grave, lorsque Ruth Elkrief l'interroge sur l'écart entre la réalité du FN et sa vitrine en train de se fissurer, Marine Le Pen s'en prend à la journaliste en incriminant son comportement...

Le parti des Le Pen recommence à montrer son vrai front quand son fard fond sous les feux enfin allumés des médias... Et heureusement, car dans la République le racisme, la xénophobie, le mensonge sont des "péchés" mortels!

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Rappelez-vous, c'était en 2012, la campagne présidentielle battait son plein, Marine Le Pen faisait la belle sur les plateaux télé, elle jouait l'économiste avertie. Elle promettait alors une hausse de 200 euros net/mensuel sur tous les salaires allant jusqu'à 1,4 fois le Smic. L'Etat la garantirait en prenant en charge le même montant de cotisations salariales. La dépense devait s'élever à 64 milliards d’euros sur 5 ans et être compensée par une taxe de 3% sur les importations. La présidente du Front national promettait aussi des mesures protectionnistes et une sortie de l'euro qui étaient censées rapporter plus de 200 milliards d'euros sur cinq ans, et encore une recette de 41 milliards grâce à la réduction de l'immigration. Bref, on reconnaissait bien là le leitmotiv du FN (lutter contre l'étranger pour lutter contre la pauvreté), mais il apparaissait soudainement séduisant et solide d'un point de vue économique et social.

Seulement, voilà, en dehors de son verbiage national-socialiste, Marine Le Pen ne sait pas ce qu'elle dit. Elle en a elle-même apporté la preuve ce lundi lors de son interview par Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1: elle n'a pas su chiffrer un 1/2 point de PIB. En d'autres termes, elle ignore le principal étalon de l'évaluation des comptes de la nation qu'elle a sans cesse à la bouche et de la production de richesse par les Français qu'elle dit chérir ! On savait Marine Le Pen politiquement dangereuse, désormais on la sait économiquement nulle. Qu'on se le dise!

EXTRAIT - Quand Marine Le Pen bafouille sur le PIB par Europe1fr

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«Marine Le Pen reconnue comme meilleure économiste de France», osait titrer le site du Front national en avril 2013 pour présenter une vidéo des Experts, l'émission de Nicolas Doze sur BFMTV, au cours de laquelle on pouvait entendre Philippe Portier, du Cabinet Jeantet & associés, faire l'apologie des compétences économiques de la présidente du FN. Mais le mythe a vécu, c'est bien un zéro pointé qu'il faut lui attribuer!

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Ce n'est pas seulement le PIB que M. Le Pen ignore, c'est aussi le budget de la défense!... la défense au nom de laquelle elle proteste ici contre la réduction budgétaire et dont le FN, conformément à son idéologie nationaliste, fait en général sa priorité.

Ensuite, la présidente de ce parti semble ne pas savoir que les opérations spéciales de l'armée française ne sont pas budgétées; et comment pourraient-elles l'être dans un Etat dont les forces militaires ont essentiellement pour vocation la défense? Il est possible que pour un parti d'extrême droite nostalgique de l'époque coloniale, cette vocation doive changer de nature, mais il ne faut pas prendre ses désirs pour des réalités...

Bref, au total, Marine Le Pen vient de faire la démonstration de son inaptitude à gouverner notre pays.

Voilà donc une solide raison de s'opposer au Front national dont l'accession au pouvoir serait pour la France une catastrophe morale, politique et économique et non seulement une honte.

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«Il serait temps, face à la « montée en puissance », la « poussée », l’« ambition  » de Marine Le Pen, que tous ces médias à forte audience qui la mettent en scène pratiquent autre chose qu’un journalisme de marchepied, un journalisme d’entremetteurs, un journalisme de maquignons.» Lire la suite sur regards.fr

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Municipales à Limoges : un délinquant tête de liste FN !

vincent-gerard Les élections municipales de 2014 semblent bel et bien lancées. Après la tête de liste UMP désormais connue, c’est le FN qui se met en ordre de marche après la désignation de son secrétaire départemental Vincent Gérard, bien connu des services de police, moins des électeurs même s’il s’est déjà porté candidat à diverses élections dont des  cantonales à… Saint-Laurent sur Gorre !

L’homme a été condamné à 4 mois de prison avec sursis pour violences avec arme. En état d’ébriété, accompagné d’un comparse frontiste, Vincent Gérard s’était rendu dans un bar très fréquenté du centre-ville parce que «c’était un repère de « redskins » et de gens d’extrême gauche», selon un extrait d’audition lu à l’audience. A la suite de cette incursion, une première rixe avait éclaté, interrompue par une intervention de policiers. Mais, un peu plus tard dans la soirée, ils étaient revenus à deux et avaient notamment porté des coups au patron du bar.

Marine Le Pen avait dénoncé cet acte et demandé sa démission en cas de condamnation ! Mais malgré cette condamnation Vincent Gérard est maintenu dans sa fonction et vient compléter la longue liste des candidats et élus FN : Lire la suite sur le Blog politique décalé de jeunes limougeauds

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Grand écran : Le débat : « Le 21 avril, le traumatisme de la Vème République ? »

Et la journaliste qui se demande pourquoi on dit que le Front national pourrait être en tête aux prochaines élections européennes et comment expliquer son implantation durable dans le paysage politique français! Il y en a qui n'ont vraiment pas conscience de ce qu'ils font...

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  De plus en plus clair : Hollande ne peut se maintenir, ou Valls gouverner, qu'avec l'appui du centre et même de la droite : Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem, souhaite que les députés centristes ne s'opposent pas au programme d'économies du gouvernement, le fillonniste Jérome Chartier et l'ancien sarkozyste Frédéric Lefebvre disent de même.

Un gouvernement d'union nationale est-il la solution incontournable pour Hollande, comme le pense le politologue Thomas Guénolé qui relève à juste titre que "les sociaux-démocrates du PS, la droite libérale à l'UMP, et les sociaux-libéraux de l'UDI-MoDem, ont aujourd'hui le même programme de politique économique et sociale."?

Ce n'est en tous cas pas une solution pour le peuple français qui a porté Hollande à la présidence de la République et qui se retrouve gros-Jean comme devant. Et, bien entendu, c'est l'extrêmisme de droite qui devrait une fois encore tirer les marrons du feu. Valls est d'ailleurs l'avant-courrier du gouvernement carrément facho que le capital réclame aujoud'hui de plus en plus ouvertement.

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Pierre Deruelle

3 h · Bordeaux · Modifié ·

Sinon, aujourd'hui, j'ai un peu épluché les votes de Le Pen au Parlement UE. Ça vaut son pesant de trade de cacahuètes. Quelques exemples :

Elle a voté en faveur d'un traité de libre-échange entre l'UE et le Vietnam. Pas mal, pour une soit-disant anti Bruxelles.

Elle a aussi voté CONTRE une régulation des imports de riz en provenance du Bangladesh, mais POUR le budget 2015 du Parlement U.E.

Elle a aussi voté POUR un accord cadre EU-Korea, POUR un fond de la pêche européenne, et POUR un accord de pèche UE-Madagascar.

Elle a aussi voté CONTRE le prolongement de la durée minimale du congé de maternité à plein traitement de 14 à 20 semaines.

La cerise sur le gâteau, c’est quand même que Le Pen soit membre de la Commission parlementaire UE "International Trade".

Sinon, je dis ça comme ça, ce serait un travail très intéressant d'analyser sérieusement tous les votes de Le Pen au Parlement UE.

Même qu'on appellerait ça du "journalisme".

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Un élu FN de Tournan-en-Brie attaque un conseiller sur ses origines algériennes : "Des cons comme toi, j’en ai tué plein pendant la guerre !"

[...]

" Au début, j’ai cru qu’il voulait me pousser. Il était très agressif. Il montrait à tout le monde sa carte d’ancien combattant. Puis il m’a dit devant témoins : 'Des cons comme toi, j’en ai tué plein pendant la guerre ! [d'Algérie, ndlr]' " Lire la suite

Lire aussi Un élu FN démissionne après des propos racistes

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Lucien HESS

Le témoignage de Lucien HESS, rédigé dès son retour de déportation, est extrait du Rapport sur les travaux de l'année 1944-1945 de l'Académie nationale de Reims. Pour tout complément d'information, cf. sur le site du cndp/crdp de Reims: Arrestation et déportation de Monsieur le Chanoine Hess 9 juillet 1944 - 29 avril 1945

 

« Le rapport qui va suivre ne veut être que l'exposé de faits vécus, dont je garantis l'authenticité.

 

Mon arrestation - Les interrogatoires
Mon séjour rue Jeanne d'Arc au siège de la Gestapo

L'arrestation

Le 9 juillet 1944, Monseigneur Marmotin avait ordonné une cérémonie de prières à la basilique Saint-Remi pour implorer la protection de la Ville. J'y participais, chantant dans la schola dirigée par Monsieur l'Abbé Schrobiltgen.

La cérémonie terminée, après quelques prières personnelles, comme je quittais la Basilique, je fus rejoint rue Simon, à la hauteur de l'arrêt de l'autobus, par un civil corpulent, dont je sus plus tard qu'il était le chef de la Gestapo.

Il questionna: « C'est vous Hess ? - Oui, suivez moi - Pas un mouvement. Police allemande ». La main dans la poche tenait évidemment un revolver (rentré à la Gestapo, cet homme le déposa dans son bureau). Il me conduisit ainsi à la Conciergerie de la Maison de Retraite, ne répondant pas un mot à mes questions ingénues sur les motifs de tels agissements.

À la Conciergerie, il y avait un groupe nombreux de soldats: l'homme leur donna en accents furieux des explications me concernant évidemment. Tous se mirent à me regarder avec des airs de vautours qui vont fondre sur leur proie. Puis l'homme téléphona. Une voiture arriva (leur traction-avant noire), tourna dans la cour. Elle contenait trois hommes, le chauffeur, un homme à ses côtés, un autre derrière. Mon compagnon me fit monter derrière, coincé entre lui et l'autre homme: en avant, celui qui ne conduisait pas resta constamment tourné vers moi. Nous suivîmes la route du tramway: rue du Ruisselet, rue Chanzy, rue de Vesle.

« Voilà la Maîtrise » me dirent-ils en passant.

Premier interrogatoire

Arrivé rue Jeanne d'Arc, je fus immédiatement conduit au 1er étage, dans le bureau du chef, qui était la salle d'interrogations, les quatre hommes me fouillèrent, mirent tout ce qu'ils trouvèrent sur moi dans une grande enveloppe à mon nom, me dépouillèrent de ma soutane, puis m'énoncèrent leurs accusations:

    1 - J'étais le Chef de la Résistance à Reims
    2 - Comme tel, je savais où étaient cachées 40 tonnes d'armes
  3 - J'étais l'auteur du meurtre d'une sentinelle allemande au petit Lycée, quelques jours auparavant.

Ces 3 chefs d'accusation constituèrent le fond de tous les interrogatoires suivants.
Ils étaient suscités par un avis venu de Charleville : « Pour la Résistance à Reims, voyez le Chanoine Hess ».

Sur mes dénégations absolues, car je n'ai jamais donné mon adhésion nominale à la Résistance, ils cherchèrent à obtenir des aveux à coups de poings dans la figure et à coups de nerfs de bœuf dans le bas du dos, depuis les reins jusqu'au pieds. Flagellation cruelle et savante, douloureuse à faire hurler, appliquée avec méthode, mais ne risquant pas d'atteindre des organes. Le Chef était le bourreau. Pour l'infliger, ils me mettaient à plat ventre sur une chaise, l'un deux tenait ma tête entre ses jambes, un autre maintenant les pieds. La flagellation finie, ils me jetaient à terre sur le dos puis, d'un coup de pied, m'indiquaient d'avoir à me relever. Il y eut au cours de ce premier interrogatoire quatre de ces flagellations. Le processus fut toujours le même: coups de poings dans la figure, allongement sur la chaise, coups de nerfs de bœuf au bas du dos, projection par terre, coup de pied pour me faire relever. J'étais à jeun, anéanti par la souffrance, ruisselant de sueur et d'humeur.

Après ce premier interrogatoire, ils me firent descendre avec eux à l'entresol dans un salon attenant à la salle à manger où ils me gardèrent à vue, péniblement assis, toujours ruisselant de sueur, tandis qu'ils dînaient. Puis ils me menèrent dans une cellule au sous-sol, très étroite, ne prenant l'air que sur un couloir, dans l'épaisseur du mur, lampe souvent éteinte, soit cause de panne, soit autre chose. La cellule contenait un sommier, deux chaises, une tinette. Je n'eus rien à manger ce soir-là, et je dus me coucher sur le ventre pour pouvoir me reposer.

Deuxième interrogatoire

Il eut lieu le lundi 10, vers 9 heures du matin, dans les mêmes procédés, sur les mêmes chefs, mais avec des questions nouvelles. On me demanda mon emploi du temps du dimanche. J'expliquai qu'avec les enfants Thirion de ma Maîtrise, j'avais été porter un colis à Madame Chatelin, à la Croix-Rouge, pour leur sœur Jacqueline, arrêtée la veille dans les Ardennes: grand triomphe, ils y virent la preuve de ma connivence avec le maquis des Ardennes, avec M. et Mme Ognois, oncle et tante de Jacqueline Thirion, arrêtés la veille à Reims.

Ils m'expliquèrent que c'était eux qui m'avaient envoyé la veille un homme me réclamant des armes pour le maquis des Ardennes, me montrant à l'appui de ces revendications, différents papiers marqués de cachets anglais. « Vous n'avez pas marché, me dirent-ils, mais beaucoup tombent dans le piège ».

Ce deuxième interrogatoire fut coupé comme le premier et comme les suivants de plusieurs attaques à coups de poings et de flagellations.

Revenu dans ma cellule, j'eus à midi une assiette de soupe excessivement salée, alors que j'avais la bouche sèche, empâtée par la soif ; je la mangeai dans l'obscurité complète.

Troisième interrogatoire

Il eut lieu vers 16 heures. On m'y montra des photos de nombreuses personnes, m'interrogeant sur des listes de noms de membres de la Résistance. On me donnait le nom de guerre d'abord, le nom de famille ensuite. Quand j'avouais connaître celui-ci après avoir dénié connaître le nom de guerre, c'était une explosion de fureur et de coups. Je me plaignis de la soif sans obtenir pitié. Je ne sais comment cet interrogatoire se termina. Je m'évanouis sans doute, car je n'en ai aucun souvenir. Ramené dans ma cellule, j'eus ce soir-là une tasse de thé et un sandwich beurré.

Quatrième interrogatoire

Le mardi 11, vers 9 heures. Cet interrogatoire porta particulièrement sur mes relations avec l'abbé Fontaine, curé de Savigny-sur-Ardre, qui avait été arrêté dans les Ardennes. Ils me dirent leurs griefs contre lui, m'interrogèrent sur le maquis, la Résistance dans les Ardennes. Un coup de téléphone fit venir un chef, sans doute, ils se mirent au garde-à-vous lors de son entrée et de sa sortie. Ils parlèrent de moi. Il me regardait de temps en temps avec attention. Après son départ, on fit une copie allemande dactylographiée de mes dépositions, on m'en lut une traduction. On me fit signer. Puis on me maintint, sans plus rien me dire, pendant une heure, douloureusement assis en face d'eux, malgré mes supplications d'être debout ou à genoux. Mais on m'apporta un verre d'eau sans que je l'aie demandé. Ce geste inattendu me fit pleurer comme un enfant en leur exprimant ma reconnaissance. Revenu à ma cellule, j'eus une nourriture plus copieuse, c'est-à-dire une assiettée de légumes.

Les trois semaines à la Gestapo

Et c'en fut fini des interrogatoires mais je n'en savais rien. Gardé jusqu'au 28 juillet, je pouvais toujours craindre de les voir reprendre. À cette angoisse s'ajoutait celle d'être amené à prononcer des noms compromettants, la crainte des perquisitions à la Maîtrise, la crainte qu'on emprisonnât, comme on m'en avait menacé, les membres de ma famille ou du personnel de la Maîtrise. Et j'étais hanté par cette phrase qu'ils se plaisaient à me répéter: « Monsieur Hess, vous ne dites pas la vérité », craignant qu'elle ne provoquât soudain une détente de ma volonté.

Je fus seul dans ma cellule pendant 10 jours, puis comme il y avait trop de pensionnaires, nous fûmes 3 ou 4 toujours dans les cellules du même type, dans le même couloir. Je fus ainsi en contact avec l'affaire de Sillery, avec Morizet et Goulard de Sillery, avec Trémé d'Avize. J'entends parler de M. Hodin de la Municipalité de Reims. Je ne vis plus mes bourreaux. Les SS n'apparaissaient que pour la toilette faite sous leur garde au lavabo, sans savon, ni serviette ; et les repas: café le matin, assiette de soupe à midi, thé et sandwich le soir. Mais je rends hommage au dévouement de Raphaëlle, femme de service, dont je me méfiais d'abord, quand elle me proposa de donner des nouvelles à ma famille. Mais elle vainquit cette méfiance en me jetant par l'orifice d'aération, grand comme celui d'un tuyau de poêle, du sucre, du jambon, du beurre, pris dans les provisions de la Gestapo, en me donnant des nouvelles de ma famille et de mes supérieurs ecclésiastiques.

 

Mon transfert de Reims à Châlons et mon séjour à la prison de Châlons

   Le 28 juillet après-midi, subitement, un gardien ouvre la porte de ma cellule, me fait sortir, me mène à l'entrée. Après une pause, on me fait monter dans un car Ardon, ayant déjà pris une charge de détenus à l'Hôtel de Ville. On nous emmène vers la prison de Châlons. Dans le car, je reconnais Madame Deguerne de Ville-sur-Retourne.

   Dans la cour de la prison de Châlons, tandis que les gardiens examinent les paquets de mes camarades, je me fais reconnaître du chauffeur du car qui, naguère, conduisit ma Maîtrise en colonie de vacances. Je lui demande de donner des nouvelles à ma famille - ce qu'il fit dès son retour.

Lucien Lundy d'Aussonce et son frère Georges de Beine m'aperçoivent et me reconnaissent malgré mon accoutrement et ma barbe et me font signe de rester avec eux. Ainsi, je suis placé avec eux dans une cellule de 8 prisonniers au 3ème étage.

Vie à Châlons

La vie à la prison de Châlons est beaucoup plus douce que dans les sous-sols de la rue Jeanne d'Arc de Reims. J'y suis en compagnie d'autres détenus qui deviennent des amis. Nous recevons des colis nombreux que nous savourons en commun. Nous n'avons rien à faire et une atmosphère de gaîté règne le plus souvent dans la cellule. Nous composons des chansons.

Dès ma première rencontre avec la religieuse, Sœur Marie, des Filles de la Charité, qui soigne à l'infirmerie et m'a remarqué dès mon arrivée, elle me donne un autel portatif et je peux ainsi célébrer quotidiennement ma messe. Quelques jours plus tard, de mon 3ème étage, par la fenêtre grillagée, je peux échanger toute une conversation avec ma sœur Madeleine, venue de Reims rôder autour de la prison de Châlons. J'ai ainsi, quoique la Gestapo de Reims n'ait jamais voulu accorder la permission de me visiter, le soulagement d'avoir des nouvelles de ma famille, de la Maîtrise, d'apprendre que personne n'a été inquiété, que tout est sauf. Je reçois les soins dévoués de Sœur Marie à qui va toute ma reconnaissance, ainsi que celle de tant d'autres détenus qu'elle a secourus de toutes les façons possibles. Ainsi, ce séjour providentiel rétablit ma santé et me permet de reprendre des forces morales pour les mois pénibles qui m'attendent encore. Pendant mon séjour, je rencontre Monsieur Hutin qui me procure quelques livres religieux.

Départ

Le 19 août, de très bon matin, nous fûmes rassemblés dans le couloir de notre cellule, avec toutes nos affaires, menés à la cour d'entrée où les gardiens nous distribuèrent les derniers colis arrivés ; pour mon compte, j'en avais deux. Nous sommes environ 80. On nous fait monter dans les autocars. Madame Hutin arrive à temps pour serrer furtivement la main de son mari (qui ne devait pas revenir) et pour assister à notre départ qu'elle fera connaître aussitôt à ma famille. Dans le car, placé à côté de M. Hutin, je fais plus ample connaissance avec lui. Nous traversons l'Argonne, la Lorraine, les Vosges, admirant ces paysages de notre chère France dont la beauté tranquille fait contraste avec la tension de nos esprits.

 

Le camp de Natzviller

Le camp de Natzviller, surnommé « l'Enfer de l'Alsace » est situé au sommet d'un vallon dans le déroulement d'un panorama splendide. Le camp est construit en amphithéâtre avec une série de plate formes reliées par des escaliers. Les baraques sont séparées par des plans inclinés de gazon. Aspect artistique qui contraste hypocritement avec la vie misérable des détenus. Le car y parvient non sans difficultés.

Aussitôt l'entrée franchie, les cris et les coups de pied des gardiens SS nous firent pressentir la sévérité de la discipline. L'un deux devait frapper à coups de crosse Monseigneur Piguet, évêque de Clermont-Ferrand, qui arriva quelques jours plus tard.

Conduits sur une large place où étaient différents bureaux d'inscriptions, nous devons nous dépouiller entièrement de nos vêtements et, dans cette complète nudité, passer devant différentes tables pour décliner notre identité, déclarer ce que nous possédons de précieux, voir nos biens mis dans des sacs portant sur une étiquette le numéro matricule qu'on nous donne ; un coup de pied envoie rouler mon autel portatif et mes livres de piété traités de « Choses du diable ».

Je reçois le n° 22 808. À partir de ce moment, nous ne sommes plus pour nos gardiens des personnes humaines mais des êtres quelconques numérotés, qui ne sont qu'une charge et un objet de rebut. Toujours nus, nous sommes complètement rasés, opération humiliante faite en public, sans le moindre ménagement de pudeur. On nous rase sans doute par crainte de la vermine. On nous fait passer aux douches. J'y rencontre un rémois, M. Godbert, directeur du Pari Mutuel, dont le dos était labouré de raies violettes, témoins d'une flagellation subie l'avant-veille. Puis on nous donne une chemise, le pyjama rayé accompagné d'une calotte ; aux pieds nous aurons les fameuses claquettes si peu pratiques pour gravir et descendre les nombreux escaliers du camp que je préférais aller pieds nus.

Je suis affecté au bloc ou baraque 14. Chaque bloc comprend plusieurs chambrées. Celles-ci se composent de 4 pièces, le dortoir, le réfectoire, le lavabo, les cabinets, en tout, dans le bloc, environ 700 détenus de toutes les régions de France - et puis des Russes, Polonais, Juifs, etc. La majeure partie sont des membres de la Résistance, des terroristes, des otages pris en groupe dans les villages où le maquis a agi. Ainsi, venant de Clermont-en-Argonne, le curé et 102 hommes.

La vie commune efface toutes les différences sociales, classes, rangs, fonctions, fortune. Nous côtoyons des généraux, des Préfets, des banquiers, des chefs d'entreprise, des ouvriers, porteurs des mêmes pyjamas, soumis au même régime. Celui-ci comporte chaque jour 3 appels: le matin à 5 heures, à midi, le soir, où tous doivent être présents, immobiles, tête découverte par tous les temps. Il y eut parfois des pluies battantes. Le matin à 5 heures, à 750 mètres d'altitude, la température était très fraîche. À midi, il arriva que le soleil brûlait, et il n'y avait dans le camp ni ombre ni arbre. Ces appels duraient au moins une demi-heure, plus si quelqu'un manquait et qu'il fallait toujours trouver et amener.

Le travail auquel je fus soumis consistait à porter des pierres et des plaques de gazon pour construire des fortins de défense contre l'arrivée possible des armées alliées. Ce travail était rendu plus pénible par la difficulté de la marche avec les claquettes ou pieds-nus. Malade, je ne pus le continuer.

La nourriture consistait en un peu de café le matin, à midi un litre d'une soupe indéfinissable accompagnée parfois de choucroute crue, le soir un morceau de pain avec de la margarine, parfois une cuillerée de confiture.

Plus de colis. Plus de nouvelles non plus, il fallait sans cesse (ce me fut une souffrance très sensible au début) entendre la hiérarchie du camp employer la langue allemande. Il fallait comprendre sous peine de bourrade. Enfin, pour moi, l'épreuve la plus grande fut la privation de tout secours religieux, sauf les conversations que je pouvais avoir avec les confrères. De plus, le spectacle hallucinant de cette vie misérable. Du bloc, nous voyions sans cesse descendre vers le four crématoire, situé à l'extrémité inférieure du camp, les civières soutenant les cadavres des détenus morts pendant la nuit. Au début de mon séjour, le four ne fonctionnait pas régulièrement, mais au fur et à mesure de l'avance alliée, nous vîmes des camions d'hommes et de femmes descendre le camp, depuis la porte du sommet jusqu'à la sinistre baraque, et remonter vides. Nous comprenions que ces malheureux étaient pendus d'abord, dans une chambre mitoyenne au four, puis immédiatement incinérés, comme en témoignait une fumée plus épaisse. Le four fonctionna bientôt jour et nuit et les flammes dépassaient la cheminée de 30 ou 40 centimètres.

Le départ

La progression alliée inquiétait visiblement les SS. Dans la nuit du 1er au 2 septembre, il y eu un rassemblement général, une descente en colonne vers la gare de Rothau. Mais à mi-route, contre-ordre, retour au camp: réintégration des blocs. Des nouvelles circulent, déformées par nos imaginations avides. Nous nous figurons le départ impossible. N'allons-nous pas être délivrés ?

Mais, dans la nuit du 3 au 4 septembre, nouveau rassemblement, nouveau départ. Nous allons cette fois-ci jusqu'à la gare de Rothau et, dans la plus grande déception, nous sommes embarqués dans des wagons à bestiaux, par groupes de 45 à 50. Le train s'ébranle et nous emmène vers Strasbourg. C'est une nouvelle déception, d'y parvenir. Nous croyions la ville entre les mains françaises, or la gare est paisible, peu atteinte en ses bâtiments principaux. Les nouvelles qui circulaient parmi nous étaient donc fausses.

 

Le Camp de Dachau

De Strasbourg par Stuttgart, en pleine saison de fruits (quel supplice de Tantale pour nous de voir des pommiers et poiriers chargés). Nous fûmes amenés à Dachau, le camp modèle des SS. Débarqués, nous traversons à pied la coquette Cité des SS pour arriver au Camp des détenus y attenant.

Le camp

La figure de ce camp révèle une conception soignée, grandiose. Hypocrisie cruelle et perfide que cet aspect extérieur, quand on sait quelle vie y mènent les détenus. Une grande place d'appel dont la moitié suffirait à constituer un terrain de football de dimensions réglementaires forme la barre transversale d'un grand T. Une large allée centrale bordée de peupliers en forme la barre verticale. Les baraques sont rangées perpendiculairement de chaque côté de cette allée. La même hypocrisie a présidé à l'installation des cuisines, des infirmeries, salle d'opérations, de pharmacie, de dentistes. C'est le dernier confort moderne. Mais pour les détenus, c'est la misère physique et morale. La clôture est constituée par un épais fil de fer barbelé, électrifié, qui se ramifie plus abondamment à la base. Chacun des poteaux en ciment qui les soutiennent comporte au sommet un phare qui, la nuit, illumine tout le camp. Tous les 50 mètres, un mirador, poste d'observation élevé, où se tenaient continuellement des sentinelles pourvues d'une ou plusieurs mitrailleuses.

L'entrée

Nous subissions les mêmes rites d'entrée qu'à Natzviller. Je reçois le matricule 100 001. Après les douches on nous donne des effets civils parce qu'on manque de pyjamas rayés!

L'infirmerie

Affaibli par le régime parcimonieux de Natzviller, j'eus, après quelques jours de soupe aux choux, une crise aiguë d'entérite qui me fit connaître l'infirmerie dès la semaine suivante.

Dix jours passés au Revier me font constater par expérience l'absence quasi totale de médicaments et la difficulté d'obtenir un régime convenable. Je n'ai toujours que de la soupe aux choux. Le seul avantage acquis est la dispense de l'appel. J'expérimente la misère des détenus malades, l'isolement dans la différence des langages, l'agonie des voisins. Enfin je remarque - et on me le confirme - l'inadmissible subordination des médecins, tous des détenus, à un chef de chambrée, détenu lui aussi, mais ayant cherché et l'ayant obtenue, la faveur des gardiens et voulant la conserver, qui s'arroge invariablement, par bassesse et méchanceté, et à qui on reconnaît le droit de changer de son propre chef les traitements, malgré son absolue incompétence. Quelle humiliation pour les médecins et quelle souffrance d'avoir à administrer ainsi des soi-disant remèdes qui entraînent le pire.

J'ai connu le Docteur Bettinger de Reims qui, me voyant affamé, me donna plusieurs fois des pommes de terre et du pain gris sur sa ration personnelle et me soutint moralement de ses conversations amicales. Ce docteur rémois n'est pas revenu. Lorsque sévit l'épidémie de typhus, son bloc fut vite contaminé et le mal s'y développa rapidement et violemment.

Il y resta et soigna ses malades avec dévouement ; il contracta alors la maladie et en mourut, victime de sa fidélité à son devoir.

La vie courante

Sorti de l'infirmerie le 19 septembre, je connus alors dans tous ses détails et la profondeur de sa misère, ce qu'était la vie douloureuse du détenu ordinaire.

La journée commence à 4 heures ½ du matin (ce fut bientôt dans la nuit) pour l'appel de 5 heures qui a lieu dehors par tous les temps.

Pendant la mauvaise saison, pénétré de froid dès le début de sa journée, le détenu mal couvert, n'a réglementairement que sa chemise et son pyjama.

Le rassemblement est très difficile, parce que nous sommes 300, 400, 500, 600 parfois, entassés dans des dortoirs faits pour contenir 120 personnes. On s'embouteille à la sortie. Le chef de chambrée, un de ces détenus serviles et mauvais dont j'ai parlé tout à l'heure (c'était en général des Allemands, souvent des communistes, je n'ai pas vu un seul Français), le chef de chambrée s'énerve, distribue des coups de bâton ou lance des brocs d'eau qui contribueront à vous glacer.    Nous ne sommes vraiment qu'un troupeau de bêtes.

Puis c'est l'appel. Pour se réchauffer les Français ont imaginé de faire la "boule". Un déporté se met au centre, d'autres l'entourent, lui tournant le dos, épaule contre épaule, et ainsi de suite, par circonférences concentriques. Puis tout le monde prend un mouvement rythmique de droite à gauche, de gauche à droite. On se frotte ainsi les uns contre les autres et on évite les rhumes et les fluxions de poitrine.

Chaque arrivée comporte une quarantaine. Elle a lieu pour nous du 4 au 28 septembre. Le bloc est isolé par des clôtures, il est interdit de rentrer dans les chambrées pendant le jour. Or il n'y a dehors ni bancs, ni tabourets. La seule façon de se reposer est de s'asseoir par terre, adoucissement impossible les jours de pluie.

Le nombre des détenus du bloc rend difficiles les rassemblements ; or ils sont nombreux pour des appels multiples, certains jours, sans doute par crainte d'évasion ou pour la désignation des futurs kommandos. De sorte que, quoique n'ayant pas de travail déterminé à faire pendant cette pause, nous sommes toujours dans l'attente d'un ordre sévère de rassemblement précipité, d'où une continuelle tension d'esprit.

Le bloc 26

Le 28 septembre, à la fin de la quarantaine, je suis versé, ainsi que mes confrères, au bloc 26, réservé aux ministres de tous les cultes. Le seul but de cette mesure est de les empêcher d'exercer leur ministère et toute influence religieuse sur les laïcs. Les plus jeunes vont travailler dans les champs, à l'entour du camp, encadrés de gardiens armés, talonnés par des chiens farouchement dressés. Les autres ont à faire des travaux de couture qui les retiennent à l'intérieur du bloc du matin au soir. Ils ne peuvent communiquer avec les autres détenus. Et le chapelet des souffrances s'égrène, même si on ne subit pas de sévices personnels. Elles sont accablantes, physiquement et moralement: les appels sont toujours aux mêmes heures, matin et soir, même en plein hiver, -25°. Il leur arriva d'atteindre jusqu'à deux heures de durée. Tous ceux qui ne sont pas à l'infirmerie doivent y être présents. Les plus faibles, qu'il a fallu soutenir pour les amener là, tombent pendant l'appel. Ensuite on les traîne dans la boue, la neige, pour les remmener au bloc ; on les traîne parce qu'on n'a pas la force de les porter.

La nourriture est toujours aussi réduite, la soupe va s'éclaircissant, quelles que soient les exigences du travail. Les prisonniers allemands, polonais, slaves, recevaient des colis expédiés par leur famille ou des colis de la Croix-Rouge, très réguliers et bien conditionnés. Ils cuisinaient et se faisaient des repas à tour de rôle, selon les inscriptions dans le réfectoire où il y avait un poêle, et qui était aussi la salle de travail. La vue et l'odeur de ces aliments provoquaient une envie torturante chez les affamés que nous étions. Or quand même ils auraient désiré partager leurs colis, il était impossible de le faire avec tous. Poussé par une faim de plus en plus lancinante, les tiraillements de l'estomac allant jusqu'à provoquer les larmes, je me résolus à mendier auprès des heureux cuisiniers les rations de soupe qu'ils dédaignaient et jetaient dans les lavabos. Je visitais aussi les poubelles, épiant le moment où on y jetait des épluchures de fruits, et prenant les déchets de viande avariée, pour les gratter et en manger ce que je pouvais, au risque de me faire du mal, mais la faim exigeait un apaisement, quel qu'il fût. Ainsi jusqu'à la fin de l'année 1944 où arrivèrent les colis de la Croix-Rouge pour tous, au rythme à peu près régulier d'un par quinzaine. Tous les déportés de Dachau sont unanimes à dire que, sans ces colis, ils n'auraient pu que s'affaiblir de jour en jour jusqu'à la maladie et la mort inévitables.

L'entassement de 2 ou 3 hommes par paillasse individuelle facilitait le développement d'une vermine dégoûtante et dangereuse. Nous ne changions jamais de linge. L'air était vicié. Au début de l'hiver apparut la dysenterie dont les effets augmentèrent l'insalubrité des lieux. La contagion se propagea rapidement.

En janvier ce furent les premiers ravages du typhus, maladie surtout propagée par les poux dont aucun de nous ne pouvait se défaire. Alors commencèrent les visions d'horreur, conséquence sinistre de ces deux maladies contagieuses. Progressivement, les blocs les plus atteints furent entourés de barbelés et consignés, ce qui mettait leurs habitants dans un isolement physique et moral tel qu'on ne parvenait à avoir des nouvelles d'eux, même si on habitait le bloc voisin. Chaque matin, les cadavres de ceux qui étaient morts pendant la nuit étaient sortis, nus, des chambrées, au nombre de 10, 30, posés par terre. Arrivait un large chariot plat, tiré à la corde par des détenus en corvée. Les corps y étaient lancés, s'y entassaient comme des meubles dans une voiture de déménagement, jusqu'à 70 ou 80. Le chariot ainsi chargé étaient mené au four crématoire qui bientôt ne put suffire à brûler tous les cadavres, puisque la mortalité se multipliait d'une façon effrayante.

Du 1er janvier au 10 avril, le camp compta 12 000 morts sur un total de 33 000 présents et 15 000 en kommandos. Des équipes supplémentaires durent creuser des fosses communes où les corps furent entassés jusqu'à 500. Et la vision de ce transfert lugubre n'était peut-être pas le pire. Le chariot repassait ensuite pour prendre et porter à l'infirmerie les malades trop affaiblis pour marcher. Il emportait alors une charge de véritables cadavres vivants, décharnés, aux membres démesurément allongés par la maigreur ; pauvres êtres au paroxysme de la misère physique. Et souvent les chariots revenaient, ramenant ces malheureux qui n'avaient pu être admis au Revier trop plein, et qui savaient bien qu'ils seraient les morts de demain.

Autre vision navrante: les déportés revenant des kommandos, des travaux de terrassement, dans les mines, les tunnels, les souterrains précipitamment emménagés en usine, soumis au même régime, n'ayant pas davantage de nourriture, ils ne pouvaient résister longtemps, leur santé était irrémédiablement altérée. La faim qui les tenaillait les faisait se jeter avidement sur le moindre morceau de pain que nous pouvions leur offrir, au point que les disputes violentes que provoquaient ces maigres générosités nous faisaient hésiter à en faire le geste. Pour les plus affaiblis de ces malheureux, les douches obligatoires à l'arrivée étaient souvent fatales ; il en mourait 20, 30, 40 en une seule séance. Le Docteur Bardon de Montceau-les-Mines, qui me soignait et qui dut être souvent témoin de ce triste spectacle, vit une fois un de ces ouvriers assister là à la mort de son troisième frère au retour du même kommando - les deux autres étaient morts en cours de route.

La fin

C'est dans cette atmosphère de misère indescriptible, de multiples souffrances, que nous apprenions la progression alliée, que bientôt nous en perçûmes nous-mêmes le rapprochement en entendant le canon. Les bombardements sur Munich, à 16 km de Dachau se multipliaient, nous étions alors en alerte, consignés dans nos baraques, tandis que les éclats de DCA retombaient sur le camp. Mais nous ne nous en effrayions pas. Nous craignions seulement l'écrasement des trains de colis.

C'était vers la mi-avril. À ce moment fut mise en question notre évacuation par route. Mais le nombre que nous étions encore, le peu de gardes dont il disposait, firent que le chef du camp tarda à obéir aux ordres supérieurs. Plus d'une fois, nous fûmes rassemblés avec nos bagages sur la place d'appel et triés par nation. Les Russes même prirent la route et nous n'entendîmes plus parler d'eux…    Après la libération, on a retrouvé un pressant télégramme d'Himmler ainsi conçu: « 14 avril. La capitulation n'entre pas en question. Le camp doit être évacué immédiatement. Aucun détenu ne peut tomber vivant aux mains de l'ennemi. Les prisonniers de Buchenwald se sont comportés cruellement vis-à-vis des populations civiles. Signé: Himmler au Commandant Weiss, Camp de Dachau ».

Ainsi les intentions des chefs allemands sont indéniables: c'était l'extermination totale des déportés.

Le 29 avril

Vers 5 heures ½ de l'après-midi arrivèrent les Américains. Nous étions consignés dans les blocs depuis 2 heures. Dès qu'ils furent aperçus, ce fut une ruée générale vers les barbelés, par toutes les issues possibles, au milieu des clameurs enthousiastes. Les Américains ne se doutaient pas du spectacle qui les attendait.

Mais lorsqu'ils trouvèrent près du four crématoire 1400 cadavres qui n'avaient pu être incinérés et, à la gare de Dachau, un train de Juifs, embarqués sans doute depuis huit jours et morts de faim, dans les wagons où les SS les avaient bouclés, le train n'ayant pu partir à cause des bombardements, l'horreur des vainqueurs fut à son comble: ils ne firent plus de quartier, ne gardèrent plus de prisonniers, tous les gardiens SS furent abattus.

 

Conclusion

À ce récit uniquement fait de ce que j'ai vu, pourraient s'ajouter des descriptions de tortures subies, soit au cours d'interrogatoires de la Gestapo en France, soit dans d'autres camps de concentration, descriptions faites par les victimes elles-mêmes que je connais et dont je peux garantir la sincérité.

Ce supplément me paraît inutile. Les faits que j'ai vécus suffisent à démontrer à quel degré de sauvagerie sadique ces troupes allemandes en étaient venues, en dépit de la « correction » déployée dans nos villes. Je ne veux pas cultiver la haine, mais de tels faits font souhaiter en toute conscience humaine et même chrétienne des clauses de paix soigneusement étudiées et suffisamment sévères pour éviter la réédition de telles preuves d'hypocrisie, d'inhumanité, de perversion de la civilisation.

Car il s'agit bien de perversion de la civilisation et non d'une simple dégradation vers la bestialité.

La conception, l'étude de ces lentes tortures physiques et morales, savamment adaptées aux différentes circonstances, la recherche des moyens d'avilir l'homme, réclament l'emploi des facultés spécifiquement humaines, de celles qui révèlent en l'homme la ressemblance de Dieu, mais qui peuvent aussi être dédiées à Satan, l'ennemi de Dieu et de toute la Création.

C'est pourquoi ces faits sont si particulièrement graves et navrants et abominables aux yeux de l'homme conscient de sa dignité d'homme, aux yeux du Prêtre.

C'est pourquoi les idéologies qui mènent à de telles conséquences doivent être absolument répudiées.»

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Via Communistes: Hebdo n° 367 - Semaine du 01 au 07 septembre 2014

Le 4 septembre 2014

Valls venait d'officialiser sa totale soumission au MEDEF, Montebourg, Hamon et quelques autres se découvraient “frondeurs”, soudain révoltés par la poursuite de la politique d'austérité. Macron, l'ancien banquier associé de Rothschild, venait d'être nommé ministre. Les travailleurs se demandaient comment ils allaient financer la rentrée scolaire de leurs enfants, payer leurs impôts augmentés, leurs loyers, les soins etc. quand une fois de plus Marine Le Pen s'est présentée comme le seul recours avec le Front National.

Ce “troisième fer au feu” du capital, avec la droite et les socialistes, est bien en effet le recours possible du capital. Elle a de nouveau revêtu son costume d'ami du peuple, de défenseur du pauvre et de l'opprimé, du petit contre les gros. Elle affirme: "les Français sont prêts à renverser le système", elle les y aidera. Quel “système”? Le système capitaliste ? Certainement pas ! Elle le dit d'ailleurs elle-même: "Nous ne remettons pas en cause l'économie de marché ni la concurrence". Le fondement même de son programme elle se garde bien de le révéler tant il lui est dicté par les capitalistes.

Empruntant tant à l'UMP qu'au PS, elle s'en distingue surtout par le verbe, feignant de vouloir mettre les grandes sociétés multinationales au pas mais ne proposant rien dans ce sens. Par contre, elle veut supprimer l’impôt sur la fortune (ISF). Elle sait de quoi elle parle... Son leitmotiv: tout le mal vient de l'immigration, supprimons tous les droits des travailleurs étrangers et tout ira mieux. Cet argument, outre les ravages qu'il a fait dans beaucoup d'esprits, est totalement aberrant: les travailleurs immigrés participent à hauteur de 13 Milliards par an à la richesse sociale collective, leurs employeurs capitalistes le savent, ils travaillent et cotisent comme les autres mais se soignent moins et meurent plus jeunes.

Comme les gouvernants PS ou UMP, Elle aussi veut faire des “économies” sur le dos du peuple. Un exemple: elle entend faire de la protection sociale une affaire de responsabilité individuelle, chacun s'assure comme il peut et ça engraisse le capital. Ce serait la fin du principe même de la Sécurité sociale dont elle achèverait la destruction. Sortir de l'UE, de la zone euro, réévaluer la monnaie etc. autant de faux arguments pour masquer que ce parti est bien un outil à la disposition du capital. Celui-ci ne verrait aucun inconvénient à ce que le FN participe au gouvernement sous une forme ou sous une autre tant avec les uns qu'avec les autres. Il est prêt pour cela à mettre en place toutes les configurations politiques pour garantir ses profits. Cette éventualité n'est pas exclue, elle peut d'autre part préparer les esprits à une nouvelle manœuvre politique du type “plutôt Sarkozy ou plutôt Hollande ou X ou Y que le FN“. Tout ça pour continuer la même politique.

La seule ligne de partage passe entre ceux qui s'inscrivent dans le capitalisme en l'ornant peu ou prou d'oripeaux différents et ceux qui veulent le détruire pour construire une société libérée de son emprise, une société socialiste au service exclusif de ceux qui produisent les richesses par leur travail. Cela commence par la nationalisation des moyens de production et d'échanges. Il n'y a pas de troisième voie. Il n'y a pas non plus d'autre voie que celle de la lutte contre le capital, c'est ce à quoi Communistes œuvre partout, dans les entreprises et les quartiers.

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publié le 08/10/2014 sur le site de la Licra

Samedi 4 octobre 2014, Éric Zemmour était l’invité de « On n’est pas couché », l’émission de Laurent Ruquier sur France 2. Il y soutint que « Vichy n'était pas le mal absolu par rapport aux nazis » et qu’ « il donna les juifs étrangers [aux nazis] sans savoir jusqu’en 1942 qu’ils seraient exterminés ».

Il oublie que le régime de Vichy fut le bras armé et servile de la politique d'extermination des juifs en France, au point de livrer aux nazis, sans qu’ils le lui demandent, 11 458 enfants.

La Licra rappelle que la loi sur les crimes contre l'humanité ne fait pas de différence entre les criminels et les complices du crime.

La Licra rappelle que Vichy était, sinon le mal absolu, du moins ce qui le rendait possible en le parant des couleurs de la légalité. Vichy a pris les juifs, français et étrangers, au piège de leur amour pour la France et sa tradition démocratique, les incitant à ne pas désobéir à l'injonction du port de l'étoile qui les désignait pourtant à la mort.

La Licra rappelle que la grande rafle du Vel d'Hiv eut lieu alors que le sort qui attendait les juifs ne faisait plus aucun doute : c'est en connaissance de cause qu'ils furent déportés à Auschwitz.

La Licra rappelle qu’il n’y a pas de « réhabilitation » possible du régime de Vichy : soutenir ou insinuer le contraire est une forme de révisionnisme.

Tout s’éclaire lorsqu’Éric Zemmour conclut en donnant sa définition de la nation : « s’il n’y a pas de préférence nationale, il n’y a pas de nation, si on ne préfère pas les siens aux étrangers, il n’y a plus de nation». La Licra conteste cette défense et illustration de la «préférence nationale » chère au Front National et renvoie à l'article « Nationalités » d’Emmanuel Debono, dans Les 100 mots pour se comprendre, ouvrage co-dirigé par Antoine Spire et Mano Siri : « Pour les partis et organisations nationalistes, la nationalité confère des droits supérieurs aux nationaux par rapport aux populations allogènes d'implantation récente ou temporaire, en vertu du principe de la préférence nationale ».

Éric Zemmour confond donc la nation et le nationalisme. Si le nationalisme a toujours exclu, préférant certains pour en exclure d'autres, la nation, elle, a toujours su inclure ceux qui se sentaient en faire partie au point de lui consacrer leur vie et de la lui donner en temps de guerre.

Promouvoir le concept de « préférence nationale » implique nécessairement de réhabiliter la politique de Vichy et son idéologie collaborationniste et exterminatrice.

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Zemmour a passé son enfance près du site du Vel d'hiv (détruit un an après sa naissance). Il a intériorisé le reproche antisémite de non-intégration... Donc il en rajoute des couches et des couches franchouillardes. Le problème c'est qu'en se "soignant" ainsi, il fait le jeu du FN.

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Source : Communistes Hebdo n°442 - Semaine du 08 au 14 février 2016

10-02-2016

Le FN s’est réuni à huis-clos le week-end du 4 février. Invitée par TF1 au journal de 20 h. Marine LE PEN a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2017. Elle s’affiche comme la candidate de la « vérité » sur le thème de « la France apaisée », « l’autorité apaise » a-t-elle répété. Quelle autorité, la sienne ?

Le véritable objectif du FN est à la fois de capter le mécontentement populaire par sa démagogie « sociale » tout en donnant des signaux forts de soutien à la classe capitaliste. Les médias favorisent cette double opération. Le journaliste qui interviewait M. Le Pen a même affirmé qu’elle avait un programme social « favorable aux travailleurs ». Voilà comme les médias à la botte des puissances d’argent préparent l’alternance entre partis au service du capitalisme ! On était très loin de la « vérité » revendiquée par M. Le Pen selon laquelle tout est conditionné par la « santé et les possibilités de l’entreprise ».

Mardi matin, sur BFMTV, Marion Maréchal-Le Pen a rappelé la position du FN : contre l’augmentation du SMIC, contre les 35 h. remplacées par les 39 h., contre la retraite à 60 ans et contre les régimes spéciaux. Elle a rappelé fortement que le FN est pour la baisse des cotisations sociales des entreprises. « Il est temps de mettre fin à cet espèce de fantasme qui voudrait que le FN soit une forme de néocommunisme » a-t-elle conclu !

Autre clin d’œil au capital quand M. Le Pen se réclame de Raymond Aron qui fut un grand défenseur du capitalisme et de l’ atlantisme et un anticommuniste acharné.

Concernant l’Union Européenne son modèle revendiqué est celui de la Grande Bretagne et de Cameron avec son austérité renforcée après les années Thatcher et Blair pourtant dramatiques pour le monde du travail.

La défense nécessaire d’une France souveraine et indépendante passe par la lutte contre l’Europe capitaliste. Elle est indissociable de la lutte pour abattre le capitalisme et instaurer une société socialiste qui exige la prise du pouvoir par la classe ouvrière et le peuple. Même constat pour la question des réfugiés que M. Le Pen dénonce pour « une migration monstrueuse » sans aucun mot sur le système capitaliste qui engendre la guerre pour le seul profit des monopoles.

Derrière la démagogie « sociale » se cache le plein soutien du FN à l’offensive du MEDEF pour incarner une relève future dans le cadre du système capitaliste.

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Un conseiller régional FN quitte son poste et dénonce le «système totalitaire» du parti

11/05/2016

Philippe Chevrier, patron du FN dans les Yvelines récemment débarqué pour cause de présence au 1er mai de Jean-Marie Le Pen, a annoncé lundi Son départ du groupe FN au Conseil régional d’Île-de-France, lançant un appel pour un « FN libéré » du « système totalitaire » de gouvernance. Lire la suite

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La députée Front national du Vaucluse, invitée de France Info vendredi matin, a fait cette déclaration sur le meurtrier du couple de policiers à Magnanville, Larossi Abballa : “Cet homme, je le rappelle, avait quand même été condamné pour complicité de terrorisme en 2014. Il n’est encore une fois pas allé au bout de peine à cause d’un système pénal laxiste". C'est faux.

Le 12 janvier 2015 sur i-Télé, Marine Le Pen, la présidente du FN avait déclaré qu'Amedy Coulibaly avait été condamné à cinq ans de prison, mais "que quelques mois plus tard, il était dehors". C'est également faux.

Démonstration par Matthieu Mondoloni dans Le vrai du faux (le lindi 20 juin 2016) : Le tueur de Magnanville "n'est pas allé au bout de sa peine" ?

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... ainsi que le montrent les confessions de Gaël Nofri, un ex-conseiller de Marine Le Pen, désormais en rupture avec le FN dont il dénonce la corruption dans un article de Mediapart. Sudouest.fr en a publié un compte-rendu le 27/02/2017 sous le titre : « FN : un ex-conseiller de Marine Le Pen dénonce le recours à des contrats fictifs » ; en voici une transcription audio: