Référendum en Grèce : le respect d'une promesse

Assermentation de Papandréou en tant que Premier ministre de Grèce, devant l'archevêque d'Athènes Hieronimo II, au Palais présidentiel à Athènes, 6 ​​Octobre 2009. Source : ΠΑΣΟΚ

G. Papandréou prêtant serment en tant que Premier ministre de la Grèce le 6 octobre 2009

 

Les hiérarques de la « zone euro » ont vraiment la mémoire courte des petits fascistes libéraux quand le salut de la souveraineté populaire est en jeu, à l’instar de Christian Estrosi. Après l’annonce faite par G. Papandréou le 31 octobre 2011 de la tenue prochaine en Grèce d’un référendum sur le plan d’aide européen, ce politicien nain a déclaré le lendemain au micro de France Info :

 

 « Soumettre à référendum un peuple malheureux et qui forcément peut se prononcer avec une certaine irrationalité, c’est un risque important. Je souhaite que le Premier ministre grec revienne sur cette décision. Lorsque l’on sait le mal que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont eu à faire adopter ce plan courageux, je vous le dis très clairement : je déplore cette décision qui ne me paraît pas responsable, qui me paraît même totalement irresponsable la part du Premier ministre grec. J’ai l’impression que c’est un vent de panique qui souffle sur lui et sur son parti politique. Et je souhaite dire au gouvernement grec que lorsqu’on est dans une situation de crise et que d’autres veulent vous aider, il est insultant de tenter à sauver sa peau plutôt que d’assumer ses responsabilités. » (Audio à écouter en bas de l'article).

 

Le Député-maire de Nice ne doute de rien ni ne se rend bien compte de ce qu’il dit. Il ne suffit pas d’avoir appris les effets de manche, il faut encore se mettre à l’école du sens et des bonnes manières. Daniel Cohn Bendit a eu raison aujourd’hui de dénoncer « la mauvaise éducation des grands contre les petits » « l’impolitesse de “Merkozy” qui ont fait attendre un chef de l’État qui est en difficulté pendant deux heures devant la porte. Faire une conférence de presse sans lui, vraiment ça montre qu’il y a un manque de solidarité européenne chez ces grands chefs de l’État qui s’appellent Sarkozy et Merkel. C’est mal poli, c’est incivil! C’est difficile, ils ont été surpris, c’est ça la vie, c’est ça la politique. Si Mme Merkel et M. Sarkozy se demandent pourquoi ils sont si bas dans les sondages, c’est peut-être aussi par ce genre de comportements. » (au téléphone avec Patrick Cohen, sur Inter le 3 novembre).
 

Mais que dire alors de ce cuistre d’Estrosi qui prend les peuples en lutte contre leur exploitation pour de grands corps malades aux réactions irrationnelles! qui déclare irresponsable la décision d’un gouvernement souverain parce qu’elle aurait causé du tracas à Sarkozy, larbin parmi les larbins du capital, son petit protecteur qui lui a donné l’illusion d’être quelqu’un en politique avant de s’en débarrasser? Ce sont les propos d’Estrosi qui sont irresponsables, non la décision de Papandréou qui n’a fait que son devoir constitutionnel d’obéissance au peuple et de respect de la promesse qu’il lui avait faite au printemps 2011 (signalée en son temps par Politproductions) d’organiser éventuellement un référendum sur le plan d’aide européen (imposé par « la troïka UE, BCE, FMI », particulièrement dur pour les plus modestes), et ce en réponse à une longue protestation publique du Peuple grec commencée le 25 mai alors que, suite à l’aggravation de la récession de l’État grec provoquée par l’austérité, une nouvelle aide lui était proposée mais sous la condition d’un renforcement de l’austérité. Il est vrai que la promesse n’était pas ferme (« À l'automne, nous nous dirigerons vers un référendum sur les grandes réformes engagées dans ce pays », cf. vidéo en bas de l'article). Mais, étant donné la nouvelle dégradation à l’automne 2011 de la situation de la Grèce, son insolvabilité de plus en plus patente, les réactions en chaîne qui risquent d’atteindre l’Italie, l’Espagne et bien sûr à terme la France, l’Europe entière et le Monde, et les nouveaux efforts demandés aux Grecs en contrepartie d’une nouvelle aide consentie par Merkozy (et liée à cette condition exorbitante de la présence sur le territoire grec de représentants de la troïka pour mieux contrôler la mise en œuvre du plan!!!), l’éventualité d’un référendum grec s’est muée en obligation politique inconditionnelle! 

 

Mais non, pareille éthique politique ne peut être comprise d’un Estrosi ou d’un Sarkozy dont les seules ambitions sont de parvenir et de se maintenir au pouvoir. Les agences de notation aux fesses, ils se croient autorisés à rappeler les peuples, dont ils ne sont que les vagues mandataires, à l’obéissance à la finance qui les nourrit et les gouverne comme les esclaves qu’ils sont! Mais les peuples libres ne les écouteront pas, et leur botteront plutôt le derrière à la première occasion!

 

Ce sont ces potentats à la petite semaine, donneurs de leçons de responsabilité aux politiques qui assument comme ils le doivent leurs charges, et de leçons de minorité aux peuples (discours que l’on connaît bien : il a été celui du pouvoir colonial refusant l’indépendance des populations qu’il avait asservies, celui également de Giscard d’Estaing au lendemain du non français au Projet de Traité constitutionnel pour l’Europe de 2005, que Sarkozy finit par imposer de façon illégitime par la voie du Congrès contre la voix du Peuple), ce sont ces fascistes qui « insultent », et pas n’importe qui, pas les petits chefs d’État qui se donnent soi-disant du mal dans l’exercice de leurs fonctions, mais le Peuple grec en personne, et à travers lui tous les peuples de tous les temps. Ces valets, voire ces valets de valets, qui font les autocrates devraient quand même se méfier : quand les peuples se fâchent contre leurs oppresseurs, en général ils finissent haut et court ou au fond d’un panier.

Mais tandis qu’on apprend que Valéry Giscard d’Estaing juge « normale » ou « correcte » la tenue d’un référendum (dire “légitime” lui est sans doute impossible), ce qui n’est pas en soi une grande nouvelle, on apprend également que Papandréou serait prêt à revenir sur sa décision de consulter le peuple grec par référendum! Il est à craindre que celui-ci n’apprécie guère cette valse hésitation... Et voilà enfin que la banque centrale abaisse son principal taux directeur de 1,5 à 1,25% et que les bourses frémissent de joie à la hausse ; la spéculation va pouvoir reprendre bon train et l’endettement aussi puisque, on ne cesse de vous le dire, ça va de pair. Le G20 a bien travaillé. Misère!

 

Vidéo de Georges Papandréou promettant à son peuple en juin 2011 un référendum sur le plan d'aide européen à la Grèce :


 

 

Enregistrement de Christian Estrosi :

Commentaire(s)

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Papandréou a renié sa promesse.

Le ministre grec des Finances, Evangelos Venizelos, vient d'annoncer que la Grèce abandonnait officiellement l'organisation d'un référendum sur le plan de l'Union Européenne.

Le G20 a bien manipulé son monde. Avec Sarko show sur le « travail en équipe » franco-américain (quel ridicule!).

À présent toute la question est de savoir si le peuple grec va l'entendre de cette oreille...

Il faut espérer que non, car la Grèce est un laboratoire d'essais. Le piétinement des libertés aujourd'hui là-bas, c'est l'annonce de notre sort demain. Et il ne faudra pas moufeter! Car le monde nouveau est arrivé, dixit Sarko. On n'a pas le choix, on fait tous ses efforts, etc. Allez au boulot!! les riches s'impatientent!

Bande de salauds.

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Ce communiqué commun de Hollande et Aubry au sujet du référendum grec est inquiétant. On voit comment le PS fait le dos rond et botte en touche. Ces gens-là ne résisteront pas au capital s'ils succèdent à Sarkozy. Aucune prise de position en faveur du référendum, pas même la reconnaissance de sa légitimité. Mais des phrases creuses pour faire entendre que la « gouvernance » (concept flou et anti-démo-cratique par essence) n'a pas été bonne, et donc qu'elle le serait avec le PS au pouvoir, et d'abord que le PS est favorable à la gouvernance : « Au-delà de la décision qui sera prise par le parlement grec, cette situation traduit un défaut de gouvernance de la zone euro. » « Au-delà de la décision, etc. » : cette première proposition à la Hollande (galimatiesque) n'exprime rien sinon, dans l'embrouillamini propre à Fraise des bois, la lâcheté du PS qui ne se prononce pas sur la légitimité du référendum. Lamentable. Une fois de plus, nous sommes avertis. Hollande, c'est un sarkobysme garanti.

« Grèce : communiqué de Martine Aubry et François Hollande – 1er novembre 2011

L’ampleur des difficultés économiques, sociales et politiques que la Grèce traverse aujourd’hui malgré les efforts réalisés par son gouvernement, a conduit le Premier Ministre Georges Papandréou à proposer au parlement de soumettre à un référendum le plan de sauvetage de son pays décidé par l’Europe.

Au-delà de la décision qui sera prise par le parlement grec, cette situation traduit un défaut de gouvernance de la zone euro.

Bien des difficultés actuelles auraient pu être évitées si l’Europe avait fait preuve de solidarité dès le début des attaques spéculatives contre la Grèce. L’Europe a agi trop tard, trop faiblement sur le plan financier, et trop durement sur le plan économique et social. Si nous avons toujours défendu la nécessité pour la Grèce de redresser ses finances, nous avons aussi toujours dénoncé la brutalité des mesures engagées.

Si cette décision de M. Papandréou entraîne de nouveaux désordres sur les marchés financiers, elle devrait surtout décider les dirigeants européens à prendre enfin les décisions d’engager les réformes structurelles, notamment pour réguler le système financier – comme nous n’avons cessé de le proposer depuis des mois –, et pour trouver un juste chemin entre la réduction des déficits et le maintien de la croissance et de l’emploi. »

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Papandréou rappelait lui-même il y a 4 jours cette promesse qu'il avait faite au printemps, et qu'il a donc ensuite reniée :

« Nous ne reviendrons pas sur ce projet. L'organisation de référendums est une promesse que nous avons faite au peuple avant les élections. Tout se décidera vendredi », a déclaré M. Papandreou au cours d'une réunion de son cabinet, cité par l'agence de presse grecque AMNA.

Lire http://french.peopledaily.com.cn/International/7634273.html

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Christian Estrosi a commenté la victoire de Syrisa aux législatives de 2015 par ces paroles sibyllines: « Les grecs n’ont pas voté pour l’extrême gauche, ils ont voté contre l’austérité, la même que les socialistes français veulent nous imposer. » Comprenne qui pourra.