- mer, 2011-06-08 18:22
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« Je le sais et, dans ma poitrine, mon cœur est affligé quand je vois assassinée la plus antique terre d’Ionie » (Solon) « γιγνώσκω, καί μοι φρενὸς ἔνδοθεν ἄλγεα κεῖται, πρεσβυτάτην ἐσορῶν γαῖαν Ἰαονίας καινομένην· » (Σόλων) Les Grecs anciens, a écrit un internaute sur ce site, ont inventé la démocratie, les « indignés » (αγανακτισμένοι) de la Place Syntagma sont en train de la réinventer. Pertinente parole. Voici pour l'illustrer quelques extraits de la Constitution d’Athènes d’Aristote. Ils ont trait à la fondation de la cité démocratique sous l’impulsion de Solon qui libéra les pauvres de l’esclavage pour dettes en promulguant la sisachthie (σεισάχθεια), le « rejet du fardeau ».
D’après la Constitution d’Athènes l’esclavage pour dettes en Grèce paraît remonter à Dracon. Au terme de sa présentation de l'organisation de l’État selon les lois de Dracon (lois écrites en -621 avec du sang au lieu d’encre, dit-on, lois « draconiennes » donc), Aristote indique que « les prêts avaient les personnes pour gages, [...] et la terre était dans un petit nombre de mains ». (Constitution d’Athènes, colonne 2, trad. G. Mathieu et B. Haussoullier, Budé/Les Belles Lettres, 1972, p. 5, IV. Dracon).
Il précise au début de son ouvrage quelle était la situation des plus démunis quand (vers -592-1) Solon devint l’un des neuf archontes d’Athènes :
« 2. ...le régime était oligarchique en tout; et, en particulier, les pauvres, leurs femmes et leurs enfants étaient les esclaves des riches. On les appelait "clients" et sizeniers » (hectémores) : car c’est à condition de ne garder que le sixième de la récolte qu’ils travaillaient sur les domaines des riches. Toute la terre était dans un petit nombre de mains; et, si les paysans ne payaient pas leurs fermages, on pouvait les emmener en servitude, eux et leurs enfants; car les prêts avaient tous les personnes en gage jusqu’à Solon, qui fut le premier chef du parti populaire. 3. Donc, pour la foule, le plus pénible et le plus amer de tous les maux politiques était cet esclavage » (Constitution d’Athènes, colonne 1, trad. G. Mathieu et B. Haussoullier, Budé/Les Belles Lettres, 1972, p. 1, II. L’État social avant Solon).
Il s’ensuivit une révolte du peuple contre la minorité de nobles qui le tenait ainsi soit en esclavage soit sous sa menace toujours imminente. Et c’est pour arbitrer cette lutte durable et violente que Solon fut élu archonte. Sa mission était d'élaborer une constitution. Solon était de condition moyenne, il s’était fait remarquer par une élégie qui commençait ainsi (Solon, oui, parlait poétiquement au peuple):
« Je le sais et, dans ma poitrine, mon cœur est affligé quand je vois assassinée la plus antique terre d’Ionie ».
Profonde douleur patriotique qu’il opposait à la violence du cœur et à l’arrogance de l'esprit des riches:
« Vous, calmez dans votre poitrine la violence de votre cœur, vous qui êtes allés jusqu’au dégoût des plus grands biens ; amenez à la modération votre esprit orgueilleux ; car nous n’obéirons pas et tout ne vous réussira pas »
« ὑμεῖς δ´ ἡσυχάσαντες ἐνὶ φρεσὶ καρτερὸν ἦτορ, οἳ πολλῶν ἀγαθῶν ἐς κόρον ἠλάσατε, ἐν μετρίοισι τίθεςθε μέγαν νόον. οὔτε γὰρ ἡμεῖς πεισόμεθ´, οὔθ´ ὑμῖν ἄρτια [ταν]τ´ ἔσεται. » (Ibidem, V. L’archontat de Solon, colonne 2, op. cit., p. 5-6).
Une parole que l’on pourrait entendre aujourd’hui place Syntagma.
« En général », poursuit Aristote, Solon « ne cesse d’attribuer aux riches la responsabilité de la guerre civile ; et c’est pourquoi au début de son élégie il dit aussi qu’il craint “l’avidité et l’orgueil”, comme ayant donné naissance à la haine » (Idem., p. 6).
« Devenu maître des affaires, Solon affranchit le peuple pour le présent et pour l’avenir par l’interdiction de prêter en prenant les personnes pour gages ; il fit des lois et abolit les dettes, tant privées que publiques, par la mesure qu’on appela sisachthie (rejet du fardeau), parce qu’on rejeta alors le fardeau » (Idem).
Dans son œuvre poétique Solon s’exprime encore ainsi sur la misère des anciens esclaves désormais libres grâce à la sisachthie:
« Oui, le but pour lequel j’ai réuni le peuple, me suis-je arrêté avant de l’avoir atteint? Elle peut mieux que tout autre m’en rendre témoignage au tribunal du temps, la vénérable mère des Olympiens, la Terre noire, dont j’ai alors arraché les bornes enfoncées en tout lieu ; esclave autrefois, maintenant elle est libre. J’ai ramené à Athènes, dans leur patrie fondée par les dieux, bien des gens vendus plus ou moins justement, les uns réduits à l’exil par la nécessité terrible, ne parlant plus la langue attique, tant ils avaient erré en tous lieux ; les autres ici même subissant une servitude indigne et tremblant devant l’humeur de leurs maîtres, je les ai rendus libres. Cela, je l’ai fait par la force de la loi, unissant la contrainte et la justice ; et j’ai suivi mon chemin jusqu’au bout comme je l’avais promis. J’ai rédigé des lois égales pour le bon et pour le méchant, fixant pour chacun une justice droite. Si un autre que moi avait pris l’aiguillon, un homme pervers et avide, il n’aurait pu retenir le peuple. Car, si j’avais voulu ce qui plaisait alors aux ennemis du peuple ou encore ce que leurs adversaires leur souhaitaient, la cité fût devenue veuve de bien des citoyens. C’est pourquoi, déployant toute ma vigueur, je me suis tourné de tous côtés, comme un loup au milieu d’une meute de chiens. »
« ἐγὼ δὲ τῶν μὲν οὕνεκα ξυνήγαγον δῆμον, τί τούτων πρὶν τυχεῖν ἐπαυσάμην; συμμαρτυροίη ταῦτ´ ἂν ἐν δίκῃ Χρόνου μήτηρ μεγίστη δαιμόνων Ὀλυμπίων ἄριστα, Γῆ μέλαινα, τῆς ἐγώ ποτε ὅρους ἀνεῖλον πολλαχῇ πεπηγότας, πρόσθεν δὲ δουλεύουσα, νῦν ἐλευθέρα. πολλοὺς δ´ Ἀθήνας, πατρίδ´ εἰς θεόκτιτον, ἀνήγαγον πραθέντας, ἄλλον ἐκδίκως, ἄλλον δικαίως, τοὺς δ´ ἀναγκαίης ὑπὸ χρειοῦς φυγόντας, γλῶσσαν οὐκέτ´ Ἀττικὴν ἱέντας, ὡς ἂν πολλαχῇ πλανωμένους· τοὺς δ´ ἐνθάδ´ αὐτοῦ δουλίην ἀεικέα ἔχοντας, ἤθη δεσποτῶν τρομευμένους, ἐλευθέρους ἔθηκα. ταῦτα μὲν κράτει νομοῦ βίην τε καὶ δίκην συναρμόσας ἔρεξα καὶ διῆλθον ὡς ὑπεσχόμην. θεσμοὺς δ´ ὁμοίως τῷ κακῷ τε κἀγαθῷ, εὐθεῖαν εἰς ἕκαστον ἁρμόσας δίκην, ἔγραψα. κέντρον δ´ ἄλλος ὡς ἐγὼ λαβών, κακοφραδής τε καὶ φιλοκτήμων ἀνήρ, οὐκ ἂν κατέσχε δῆμον. εἰ γὰρ ἤθελον ἃ τοῖς ἐναντίοισιν ἥνδανεν τότε, αὖθις δ´ ἃ τοῖσιν οὕτεροι φρασαίατο, πολλῶν ἂν ἀνδρῶν ἥδ´ ἐχηρώθη πόλις. τῶν οὕνεκ´ ἀλκὴν πάντοθεν ποιούμενος ὡς ἐν κυσὶν πολλῇσιν ἐστράφην λύκος. » (Ibid., col. 4-5, p. 12-13)
Texte admirable que les Indignés de la place Syntagma pourraient en partie reprendre à leur compte : « des gens vendus plus ou moins justement, les uns réduits à l’exil par la nécessité terrible, ne parlant plus la langue attique, tant ils avaient erré en tous lieux ; les autres ici même subissant une servitude indigne et tremblant devant l’humeur de leurs maîtres ». Terrible sort qui attend aujourd’hui tous les peuples de la zone euro s’ils ne reprennent par leur destin en main pour faire, comme Solon le premier, triompher la force de la loi sur la loi de la force.
Naguère les plus éclairés d’entre nous espéraient que le FMI finirait par libérer du fardeau des dettes les pays pauvres auxquels il avait prêté. Force est de constater qu’il ne l’a pas fait, mais qu’il a étendu le système de la dette aux nations les plus riches confrontées à la concurrence des « pays émergents ». Solon avait choisi d'annuler les dettes et non pas seulement de les réduire, car la réduction ne permettait pas de libérer les insolvables. Le FMI, lui, étale les dettes voire les réduit car le but du capital dont il est le cheval de Troie est précisément de rendre les hommes insolvables pour mieux les asservir à sa production de plus-value.
Il est vrai, comme l'évoque la fin de la précédente citation, que Solon a tenté de concilier les exigences des riches et celles des pauvres, ce qui du reste lui valut de la part des uns et des autres une inimitié qui l’incita à s’exiler en Égypte. Il avait certes remplacé la plupart des lois de Dracon par une constitution donnant aux pauvres de réels droits (droit d’accéder aux magistratures et droit d’intervenir dans les tribunaux où se décidaient non seulement les litiges mais le sens des lois par la jurisprudence). Cependant, le régime était censitaire et les plus pauvres, les thètes, n’avaient accès à aucune charge. Solon avait refusé le partage des terres.
Le partage de la richesse a toujours été la pierre d’achoppement de l’histoire politique occidentale. Rousseau avait lui aussi dénoncé dans la fausse richesse instituée la source du mal, « l’avidité et l’orgueil » ayant donné naissance à la haine et à la violence. Il avait prescrit dans son Contrat social que la propriété fût également partagée en sorte qu’on ne pût posséder légitimement la terre que sous trois conditions : « Premièrement que ce terrain ne soit encore habité par personne ; secondement qu’on n’en occupe que la quantité dont on a besoin pour subsister ; en troisième lieu qu’on en prenne possession, non par une vaine cérémonie, mais par le travail et la culture ». Mais en refusant l’égalité dans la propriété, les révolutionnaires de 1789, Robespierre y compris, ont contribué à perpétuer le système de la richesse qui triomphe aujourd’hui. L'abolition complète des dettes permit à la démocratie de faire ses premiers pas. Mais cela pouvait-il suffire, Solon eût-il également partagé les terres? Platon tenait les deux mesures pour le comble de la démocratie et pour le début de la corruption de ce régime en anarchie puis en tyrannie (lire ici même République, 565e-566a et 566e). Et de fait l'histoire politique de la Grèce classique ne fut qu'une succession d'élans démocratiques et de régressions tyranniques.
En arrachant au gouvernement Papandréou la promesse d’un référendum sur l’austérité, les Indignés de la place Syntagma ont résisté à la marche de l’Histoire. Et s'il n'est pas certain qu'ils aient déjà réussi à l'inverser, du moins ont-ils rappelé qu'elle n'était nullement fatale.
D’après la Constitution d’Athènes l’esclavage pour dettes en Grèce paraît remonter à Dracon. Au terme de sa présentation de l'organisation de l’État selon les lois de Dracon (lois écrites en -621 avec du sang au lieu d’encre, dit-on, lois « draconiennes » donc), Aristote indique que « les prêts avaient les personnes pour gages, [...] et la terre était dans un petit nombre de mains ». (Constitution d’Athènes, colonne 2, trad. G. Mathieu et B. Haussoullier, Budé/Les Belles Lettres, 1972, p. 5, IV. Dracon).
Il précise au début de son ouvrage quelle était la situation des plus démunis quand (vers -592-1) Solon devint l’un des neuf archontes d’Athènes :
« 2. ...le régime était oligarchique en tout; et, en particulier, les pauvres, leurs femmes et leurs enfants étaient les esclaves des riches. On les appelait "clients" et sizeniers » (hectémores) : car c’est à condition de ne garder que le sixième de la récolte qu’ils travaillaient sur les domaines des riches. Toute la terre était dans un petit nombre de mains; et, si les paysans ne payaient pas leurs fermages, on pouvait les emmener en servitude, eux et leurs enfants; car les prêts avaient tous les personnes en gage jusqu’à Solon, qui fut le premier chef du parti populaire. 3. Donc, pour la foule, le plus pénible et le plus amer de tous les maux politiques était cet esclavage » (Constitution d’Athènes, colonne 1, trad. G. Mathieu et B. Haussoullier, Budé/Les Belles Lettres, 1972, p. 1, II. L’État social avant Solon).
Il s’ensuivit une révolte du peuple contre la minorité de nobles qui le tenait ainsi soit en esclavage soit sous sa menace toujours imminente. Et c’est pour arbitrer cette lutte durable et violente que Solon fut élu archonte. Sa mission était d'élaborer une constitution. Solon était de condition moyenne, il s’était fait remarquer par une élégie qui commençait ainsi (Solon, oui, parlait poétiquement au peuple):
« Je le sais et, dans ma poitrine, mon cœur est affligé quand je vois assassinée la plus antique terre d’Ionie ».
Profonde douleur patriotique qu’il opposait à la violence du cœur et à l’arrogance de l'esprit des riches:
« Vous, calmez dans votre poitrine la violence de votre cœur, vous qui êtes allés jusqu’au dégoût des plus grands biens ; amenez à la modération votre esprit orgueilleux ; car nous n’obéirons pas et tout ne vous réussira pas »
« ὑμεῖς δ´ ἡσυχάσαντες ἐνὶ φρεσὶ καρτερὸν ἦτορ, οἳ πολλῶν ἀγαθῶν ἐς κόρον ἠλάσατε, ἐν μετρίοισι τίθεςθε μέγαν νόον. οὔτε γὰρ ἡμεῖς πεισόμεθ´, οὔθ´ ὑμῖν ἄρτια [ταν]τ´ ἔσεται. » (Ibidem, V. L’archontat de Solon, colonne 2, op. cit., p. 5-6).
Une parole que l’on pourrait entendre aujourd’hui place Syntagma.
« En général », poursuit Aristote, Solon « ne cesse d’attribuer aux riches la responsabilité de la guerre civile ; et c’est pourquoi au début de son élégie il dit aussi qu’il craint “l’avidité et l’orgueil”, comme ayant donné naissance à la haine » (Idem., p. 6).
« Devenu maître des affaires, Solon affranchit le peuple pour le présent et pour l’avenir par l’interdiction de prêter en prenant les personnes pour gages ; il fit des lois et abolit les dettes, tant privées que publiques, par la mesure qu’on appela sisachthie (rejet du fardeau), parce qu’on rejeta alors le fardeau » (Idem).
Dans son œuvre poétique Solon s’exprime encore ainsi sur la misère des anciens esclaves désormais libres grâce à la sisachthie:
« Oui, le but pour lequel j’ai réuni le peuple, me suis-je arrêté avant de l’avoir atteint? Elle peut mieux que tout autre m’en rendre témoignage au tribunal du temps, la vénérable mère des Olympiens, la Terre noire, dont j’ai alors arraché les bornes enfoncées en tout lieu ; esclave autrefois, maintenant elle est libre. J’ai ramené à Athènes, dans leur patrie fondée par les dieux, bien des gens vendus plus ou moins justement, les uns réduits à l’exil par la nécessité terrible, ne parlant plus la langue attique, tant ils avaient erré en tous lieux ; les autres ici même subissant une servitude indigne et tremblant devant l’humeur de leurs maîtres, je les ai rendus libres. Cela, je l’ai fait par la force de la loi, unissant la contrainte et la justice ; et j’ai suivi mon chemin jusqu’au bout comme je l’avais promis. J’ai rédigé des lois égales pour le bon et pour le méchant, fixant pour chacun une justice droite. Si un autre que moi avait pris l’aiguillon, un homme pervers et avide, il n’aurait pu retenir le peuple. Car, si j’avais voulu ce qui plaisait alors aux ennemis du peuple ou encore ce que leurs adversaires leur souhaitaient, la cité fût devenue veuve de bien des citoyens. C’est pourquoi, déployant toute ma vigueur, je me suis tourné de tous côtés, comme un loup au milieu d’une meute de chiens. »
« ἐγὼ δὲ τῶν μὲν οὕνεκα ξυνήγαγον δῆμον, τί τούτων πρὶν τυχεῖν ἐπαυσάμην; συμμαρτυροίη ταῦτ´ ἂν ἐν δίκῃ Χρόνου μήτηρ μεγίστη δαιμόνων Ὀλυμπίων ἄριστα, Γῆ μέλαινα, τῆς ἐγώ ποτε ὅρους ἀνεῖλον πολλαχῇ πεπηγότας, πρόσθεν δὲ δουλεύουσα, νῦν ἐλευθέρα. πολλοὺς δ´ Ἀθήνας, πατρίδ´ εἰς θεόκτιτον, ἀνήγαγον πραθέντας, ἄλλον ἐκδίκως, ἄλλον δικαίως, τοὺς δ´ ἀναγκαίης ὑπὸ χρειοῦς φυγόντας, γλῶσσαν οὐκέτ´ Ἀττικὴν ἱέντας, ὡς ἂν πολλαχῇ πλανωμένους· τοὺς δ´ ἐνθάδ´ αὐτοῦ δουλίην ἀεικέα ἔχοντας, ἤθη δεσποτῶν τρομευμένους, ἐλευθέρους ἔθηκα. ταῦτα μὲν κράτει νομοῦ βίην τε καὶ δίκην συναρμόσας ἔρεξα καὶ διῆλθον ὡς ὑπεσχόμην. θεσμοὺς δ´ ὁμοίως τῷ κακῷ τε κἀγαθῷ, εὐθεῖαν εἰς ἕκαστον ἁρμόσας δίκην, ἔγραψα. κέντρον δ´ ἄλλος ὡς ἐγὼ λαβών, κακοφραδής τε καὶ φιλοκτήμων ἀνήρ, οὐκ ἂν κατέσχε δῆμον. εἰ γὰρ ἤθελον ἃ τοῖς ἐναντίοισιν ἥνδανεν τότε, αὖθις δ´ ἃ τοῖσιν οὕτεροι φρασαίατο, πολλῶν ἂν ἀνδρῶν ἥδ´ ἐχηρώθη πόλις. τῶν οὕνεκ´ ἀλκὴν πάντοθεν ποιούμενος ὡς ἐν κυσὶν πολλῇσιν ἐστράφην λύκος. » (Ibid., col. 4-5, p. 12-13)
Texte admirable que les Indignés de la place Syntagma pourraient en partie reprendre à leur compte : « des gens vendus plus ou moins justement, les uns réduits à l’exil par la nécessité terrible, ne parlant plus la langue attique, tant ils avaient erré en tous lieux ; les autres ici même subissant une servitude indigne et tremblant devant l’humeur de leurs maîtres ». Terrible sort qui attend aujourd’hui tous les peuples de la zone euro s’ils ne reprennent par leur destin en main pour faire, comme Solon le premier, triompher la force de la loi sur la loi de la force.
Naguère les plus éclairés d’entre nous espéraient que le FMI finirait par libérer du fardeau des dettes les pays pauvres auxquels il avait prêté. Force est de constater qu’il ne l’a pas fait, mais qu’il a étendu le système de la dette aux nations les plus riches confrontées à la concurrence des « pays émergents ». Solon avait choisi d'annuler les dettes et non pas seulement de les réduire, car la réduction ne permettait pas de libérer les insolvables. Le FMI, lui, étale les dettes voire les réduit car le but du capital dont il est le cheval de Troie est précisément de rendre les hommes insolvables pour mieux les asservir à sa production de plus-value.
Il est vrai, comme l'évoque la fin de la précédente citation, que Solon a tenté de concilier les exigences des riches et celles des pauvres, ce qui du reste lui valut de la part des uns et des autres une inimitié qui l’incita à s’exiler en Égypte. Il avait certes remplacé la plupart des lois de Dracon par une constitution donnant aux pauvres de réels droits (droit d’accéder aux magistratures et droit d’intervenir dans les tribunaux où se décidaient non seulement les litiges mais le sens des lois par la jurisprudence). Cependant, le régime était censitaire et les plus pauvres, les thètes, n’avaient accès à aucune charge. Solon avait refusé le partage des terres.
Le partage de la richesse a toujours été la pierre d’achoppement de l’histoire politique occidentale. Rousseau avait lui aussi dénoncé dans la fausse richesse instituée la source du mal, « l’avidité et l’orgueil » ayant donné naissance à la haine et à la violence. Il avait prescrit dans son Contrat social que la propriété fût également partagée en sorte qu’on ne pût posséder légitimement la terre que sous trois conditions : « Premièrement que ce terrain ne soit encore habité par personne ; secondement qu’on n’en occupe que la quantité dont on a besoin pour subsister ; en troisième lieu qu’on en prenne possession, non par une vaine cérémonie, mais par le travail et la culture ». Mais en refusant l’égalité dans la propriété, les révolutionnaires de 1789, Robespierre y compris, ont contribué à perpétuer le système de la richesse qui triomphe aujourd’hui. L'abolition complète des dettes permit à la démocratie de faire ses premiers pas. Mais cela pouvait-il suffire, Solon eût-il également partagé les terres? Platon tenait les deux mesures pour le comble de la démocratie et pour le début de la corruption de ce régime en anarchie puis en tyrannie (lire ici même République, 565e-566a et 566e). Et de fait l'histoire politique de la Grèce classique ne fut qu'une succession d'élans démocratiques et de régressions tyranniques.
En arrachant au gouvernement Papandréou la promesse d’un référendum sur l’austérité, les Indignés de la place Syntagma ont résisté à la marche de l’Histoire. Et s'il n'est pas certain qu'ils aient déjà réussi à l'inverser, du moins ont-ils rappelé qu'elle n'était nullement fatale.
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Commentaire(s)
Images du Monde
Si vous ne comprenez pas le grec, vous pouvez toujours voir ces images des indignés grecs:
En réponse à Images du Monde par αφερέγγυος (non vérifié)
Error 404 : democracy not found
Oui, images d'un monde en gestation qui commence par l'inventaire de l'immonde. À 2' : après une banderole espagnole «Estamos despiertos ¿Qué hora es? Ya es hora de que se vayan», une pancarte : «Democracy not found».
Mikis Théodorakis salue les Indignés de Grèce et d'Europe
Voici son appel aux citoyens indignés de Grèce et d'Europe qu'a fait paraître le 26 mai 2011 à Athènes Le Comité Consultatif du Mouvement de Citoyens Indépendants, « L’ Étincel » (créé à l’initiative de Mikis Theodorakis) et que vient de publier à son tour le site de Marianne (selon une information de Gérard Filoche) :
« Nous saluons les dizaines de milliers, voire les centaines de milliers de nos concitoyens, jeunes pour la plupart, qui se sont rassemblés sur les places de toutes les grandes villes pour manifester leur indignation ». Lire la suite
Vent de fronde en Europe. Les « indignés » de Syntagma
Le Monde Diplomatique
Article inédit d'Athanase KOUTSIS— Juillet 2011
"Vent de fronde en Europe
Les « indignés » de Syntagma
Quand on regarde les images des « indignés » de Syntagma, la place de la Constitution athénienne, il ne faut pas se tromper : les paumes ouvertes des contestataires ne saluent pas le Parlement. Elles forment un geste rude et méprisant, moutza, adressé aux élus de la nation - ces « voleurs », « traîtres », « vendus »…
Il s’agit de la place où, en 1843, les Grecs, guidés par quelques anciens combattants révolutionnaires, ont demandé à Otton Ier, le roi bavarois imposé par les grandes puissances de l’époque (France, Royaume-Uni, Russie), un syntagma (Constitution), après la deuxième des quatre faillites (en 1827, 1843, 1897 et 1927 ) de l’État grec moderne, provoquée par les exigences démesurées des créanciers étrangers – déjà ! – et la vie luxueuse de la cour. Une coïncidence historique ?
La foule qui, chaque soir, se réunit à Syntagma prend la relève d’un mouvement qui a déjà connu deux défaites : la révolte des jeunes, en décembre 2008 (1), ayant suivi le meurtre du lycéen Alexis Grigoropoulos par la police, et celle du 5 mai 2010, quand la police a brisé une manifestation de cent mille personnes, après un incendie qui a fait quatre morts.
La honte et la culpabilité se transforment petit à petit en indignation quand, un par un, les habitants commencent à comprendre les ressorts de la situation – jamais vraiment décrits par les médias : les conditions de prêt imposées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), la renonciation à la souveraineté nationale signée par « petit Georges » Papandréou, le premier ministre, les mesures d’austérité – qui épargnent les riches –, le pillage programmé du secteur public par de grandes multinationales... Il a suffi d’une étincelle sur Facebook, autour d’un panneau des indignados espagnols (« Réveillez-vous, les Grecs ! »), pour que les gens se donnent rendez-vous à Syntagma.
Déterminés à ne permettre aucune affiliation partisane, les « indignés » forment un cocktail improbable aux yeux de l’observateur politisé : se retrouvent pour la première fois ensemble dans la rue des familles avec leurs enfants, des retraités, des jeunes branchés, au coude-à-coude avec des membres des classes moyennes, naguère favorisés et désormais touchés par l’austérité, des gauchistes, des anarchistes, des nationalistes, des nostalgiques de Woodstock (2), des fans des théories de la conspiration, des antisémites « à l’âme grecque » – de tout, sauf des fascistes déclarés, qui ont été repoussés dès le premier jour. Quel mélange étonnant ! Beaucoup ont vu leur vie confortable secouée par les mesures prises par le gouvernement ; beaucoup cherchent à se documenter sur le rôle de Goldman Sachs et des agences de notation. La banque américaine a visiblement aidé le gouvernement grec à cacher l’ampleur de sa dette, spéculant dans un même mouvement sur la baisse de la qualité de la dette grecque, et du coup s’enrichissant. Les informations alternatives, comme le documentaire Debtocracy sur Internet, ont beaucoup de succès (3).
Toutefois, la place est moins homogène qu’il n’y paraît. Une séparation est apparue assez tôt entre les manifestants d’« en haut », en face du Parlement, plus nationalistes et souvent portés vers le hooliganisme, et ceux d’« en bas », plus à gauche et plutôt enclins aux assemblées générales. On trouve également des gens qui cherchent à débattre d’une manière raisonnable, sans dogmatisme, sans doctrines.
Dans ce cadre, le rôle de la gauche apparaît à la fois important et contradictoire. Prise dans la méfiance généralisée envers les partis politiques, l’ensemble de la gauche est considérée comme faisant partie du problème. Car elle n’a su se distinguer de l’ordre politique établi ni par ses idées ni par le comportement de ses représentants.
Le Parti communiste (KKE) poursuit par exemple sur la voie d’un « isolement splendide » : juché sur l’Olympe du stalinisme, il dénonce les « indignés », jugés apolitiques. La Coalition de la gauche radicale (Syriza), même si elle a embrassé le mouvement de Syntagma, ne peut pas incarner le renouveau en raison de sa propre image, post-hippie, élitiste, aimant les discours, mais fort éloignée des vrais problèmes populaires. Les autres petites fractions de la gauche radicale se contentent de rêver à la révolution qui bientôt débutera à Syntagma…
Les « indignés » préfèrent s’organiser en dehors des partis politiques ; ils créent des nouveaux syndicats de base, militants et représentatifs ; ils forment des assemblées locales. Des militants de la gauche y participent, mais strictement à titre personnel. Ces nouvelles organisations sont devenues indispensables à l’établissement de la solidarité des « indignés ».
Il ne faut pas oublier les « encagoulés », les bachali (« casse-tout »), un mélange improbable d’anarchistes, de jeunes impulsifs et de hooligans, qui naguère apparaissaient comme seuls représentants de la colère populaire, rôle que les médias et le gouvernement ont utilisé comme épouvantail pour terroriser les citoyens lors de manifestations passant alors pour très dangereuses. Les bachali sont exclus de Syntagma, et leurs efforts pour tout casser pendant la grande manifestation du 15 juin se sont heurtés aux « indignés », qui les ont chassés.
Justement, ce rassemblement du 15 juin fut le moment décisif pour faire trembler les fondations du gouvernement, d’autant que des députés du Pasok (socialistes) en désaccord avec la politique du gouvernement pour les uns, avec les personnes qui l’incarnent pour les autres, se sont appuyés sur le mouvement pour déclarer qu’ils n’allaient pas voter le nouveau plan. Les contestataires sont restés à Syntagma après la marche de la grève générale. Ils ont même détecté un « casse-tout » qui avait sur lui sa carte de policier, prouvant la relation intime entre les deux, alors que la police était déterminée à envahir la place, sous le prétexte habituel des bachali. Malgré les batailles et le cotonneux nuage des gaz lacrymogènes, la foule est restée aux alentours. Et, comme si un intellect collectif coordonnait leur stratégie, les manifestants ont reconquis Syntagma pacifiquement, en repoussant la police et en calmant les « casse-tout ». Une victoire du demos, de la communauté des citoyens, pour la première fois.
Pris de panique, le premier ministre a d’abord fait savoir qu’il démissionnerait, avant de se raviser en cherchant la formation d’une grande coalition avec la conservatrice Nouvelle Démocratie (ND), comme d’ailleurs l’ordonnait l’Union européenne. Après quelques dialogues dignes d’un Aristophane, M. Antonis Samaras, chef de ND et ancien camarade d’école de M. Papandréou, a refusé. La seule solution possible pour le premier ministre fut un remaniement ministériel.
Le lendemain, tout a changé. L’Union européenne, l’Allemagne et le FMI ont affirmé le versement du paiement prochain, tout en maintenant les menaces habituelles. Certains commentateurs de la presse internationale commencent à poser la vraie question : « Et si les Grecs ne veulent pas s’endetter davantage pour sauver l’euro et le système financier ? (4) »
Bouillonnant, sans épicentre ni projet concret et, en même temps, sage et furieusement démocratique, le collectif des « sans-voix » de Syntagma a finalement poussé son cri. Nul ne peut dire s’il aura un prolongement. Mais, comme le professe un mur d’Athènes, en évoquant Joe Strummer du groupe de musique The Clash, « The future is unwritten » (« L’avenir n’est pas écrit »). Restez accrochés.
Notes :
(1) Lire Valia Kaimaki, « “Aux banques ils donnent de l’argent, aux jeunes ils offrent… des balles” », Le Monde diplomatique, janvier 2009.
(2) Du nom du rassemblement d’août 1969 à Woodstock, emblématique de la contestation et de la culture hippie des années 1960-1970.
(3) Le voir sur le site dédié : www.debtocracy.gr, sous-titré en français. Financé collectivement par de petits dons individuels, le documentaire a été réalisé par les journalistes Aris Hatzistefanou et Katerina Kitidi. Le lendemain de sa première projection en ligne, Hatzistefanou a été licencié de la chaine de radio privée où il travaillait.
(4) Lire Alen Mattich, « What if Greeks Decide They Don’t Want to Be Rescued ? », The Wall Street Journal, 17 juin 2011."
Un nouveau Solon ?
Si l'on veut de nouveau voir «triompher la force de la loi sur la loi de la force» ce qu'il nous faut désormais c'est un nouveau Solon. Il me semble que malgré leurs bonnes intentions, les Indignés font fausse route en refusant d'avoir des représentants qui puissent parler en leur nom. C'est très utopique comme mode de fonctionnement et risque de ne pas donner de résultats tangibles.
En réponse à Un nouveau Solon ? par RST (non vérifié)
Une république de travailleurs?
Merci de votre réponse. Vous avez raison, force est de constater que les Indignés ne parviennent à rien. Mais est-il bien sûr qu'ils tournent le dos à toute forme de représentation. Ils sont surtout soucieux de ne pas se faire récupérer (notamment en Espagne). Le problème semble plutôt venir de la représentation politique (ou politicienne) elle-même qui dans à peu près tous les pays reste sourde aux revendications des peuples dont pourtant elle émane. Il est sans doute nécessaire de la repenser sinon de l'abolir (du moins, une fois encore, d'en abolir les privilèges → substitution du mandat impératif au mandat représentatif ou modification de l'article 27 de notre constitution, avec extension au mandat présidentiel dont le statut est des plus fumeux). Le mieux serait sans doute une république des travailleurs. De Solon à nous, quelque chose d'essentiel a changé : le sens du travail... et du monde.
La famine gagne la Grèce
LIRE => http://www.liberation.fr/economie/01012386707-on-n-avait-pas-vu-ca-en-g…
La vie quotidienne en Grèce
Carnet de notes d'un anthropologue en Grèce : http://greekcrisisnow.blogspot.fr/2012/07/aube-matee.html#more
Tragédie sanitaire en Grèce
Par Camille Gicquel, via Scoop.it/Résistances
Conséquence des coupes budgétaires exigées par le plan d'austérité, une crise sanitaire s'est emparée de la Grèce. Si la réapparition de la malaria et la propagation du VIH inquiètent les pouvoirs publics, elle est l'occasion pour le parti néo-nazi Aube dorée de raviver les sentiments xénophobes. LIRE LA SUITE
La "troïka" veut imposer aux Grecs 6 jours de travail
Une preuve de plus qu'il s'agit aujourd'hui pour le capitalisme de rétablir les conditions d'exploitation de sa naissance!
«Un projet de la Troïka (FMI, BCE, UE) veut imposer à tous les secteurs une semaine de travail allongée, d'après un document adressé la semaine dernière à Athènes.» LIRE la suite
Adieu ma Grèce : Exil du chaos...
Article issu (via Scooped by dm onto Résistances) de
Je viens de terminer, bouleversée, la lettre d’une amie grecque que Marie-Laure Veilhan vient de nous transmettre sur son blog Mediapart. Je vous la transmets à mon tour. Faites la circuler autant que vous le pouvez. Il faut que cette lettre reste lettre vivante.
Ce dont elle parle, nous l’avions appris par bribes, mais de le retrouver ici vécu dans un adieu au pays et savoir qu’un jour, peut-être bientôt, elle et nous serons obligés de fuir ici ce qui existe là-bas, quel désespoir mais aussi quel appel à notre courage et à notre engagement dans la lutte.
Voici cette lettre :
* * *
C’est en Grèce qu’hier Hollande, est allé parader en tant que représentant, non pas d’une nation financièrement libre, mais d’une province de l’Empire qui n’a plus aucune autonomie pour décider de son budget. Lui qui, il y a un an, avait encouragé le peuple Grec à ne pas voter Siriza, a eu hier une phrase historique. Après « Notre ennemi, c’est la Finance », nous avons eu droit à, retransmis sur son compte twitter :
@Elysée. La Grèce a décidé un programme de privatisation. Les entreprises françaises seront présentes car elles ont l’expérience du service public.
Ainsi, l’aveu est clair. Nous envoyons les entreprises françaises faire leur marché en Grèce qui bientôt ne possèdera même plus en propre un grain de sable, pendant que des entreprises internationales font leur marché en France. La dinosaurie est en place. Le plus gros gagne. Chaque homme est un brin d’herbe.
La France qui a l’expérience du public et surtout de la privatisation du public !
Ne nous faisons plus aucune illusion. S i nous n’avons pas le courage du combat, notre pays sera dépecé comme est dépecée la Grèce.
Le premier acte de guerre a été l’an dernier la signature du MES. Puis du TSCG. Le résultat nous le connaissons : 750 millions d’euros seront retirés aux territoires français. Débrouillez-vous messieurs les maires. Adieu crèches, hôpitaux, écoles !
Le second sera début avril et nous devons entreprendre toutes les actions possibles pour nous opposer à l’entrée dans notre loi de cet ANI, puisque c’est le nom donné aux accords de Wagram.(Accords nationaux interprofessionnels.)
Nous sommes en guerre. Les armées ennemies sont des lois qui nous dépouillent. Que faisons-nous ? Regardons-nous les pauvres du haut du balcon en disant : « Ils l’ont mérité ? ». Attendons-nous de les rejoindre en disant « Ca n’arrivera pas » ?
Ou entrons-nous en résistance ?
Cette question que vous vous étiez sans doute posée à propos de la dernière guerre, la voici dans votre jardin. Impossible de vous défiler. Il faut agir ou trahir.
Trahir notre Histoire, trahir tous les progrès du 20 ème siècle, trahir nos enfants pour le bénéfice d’une bande d’allumés pour qui le mot Humanité n’a plus aucun sens !
Nous sommes devant l’Histoire. L’Histoire des Braves en lutte contre les Fous.
Que dira-t-on de nous ?
Je joins une pétition à signer contre l’ANI. De multiples actions sont en cours que je vous présenterai. A 15 h à l’Assemblée Nationale (visible sur LCP) Gaby Charroux posera une question au sujet de l’ANI au ministre du travail. Il sera intéressant d’écouter la réponse ! http://blogs.mediapart.fr/blog/fondation-copernic/190213/un-...
http://www.legrandsoir.info/adieu-ma-grece-exil-du-chaos.html
La « lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens Allemands
Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre de la Grèce, a envoyé ce courrier au journal Allemand Handelsblatt:
« Chers lecteurs de Handelsblatt,
Je sais d’avance que la plupart d’entre vous ont probablement une opinion déjà formée sur le contenu de cette lettre. Je vous invite, cependant, à la lire sans préjugés. Les préjugés n’ont jamais été un bon conseiller, et encore moins à un moment où la crise économique les renforce, en entretenant l’intolérance, le nationalisme, l’obscurantisme, et même la violence.
Avec cette lettre ouverte, je souhaite vous exposer un récit différent de celui qui vous a été fait au sujet de la Grèce depuis 2010. Et je tiens aussi et surtout à exposer avec franchise les projets et les objectifs de SYRIZA, si le 26 Janvier par le choix des électeurs devient le nouveau gouvernement grec.
En 2010, l’État grec a cessé d’être en mesure de servir sa dette. Malheureusement, les dirigeants européens ont décidé de faire croire que ce problème pourrait être surmonté par l’octroi du plus grand prêt jamais consenti à un état, sous condition que certaines mesures budgétaires seraient appliquées, alors que celles ci, manifestement, ne pouvaient que diminuer le revenu national destiné au remboursement des nouveaux et anciens prêts. Un problème de faillite a été donc traité comme s’ il s’ agissait d’un problème de liquidité. En d’autres termes, l’attitude adoptée, était celle du mauvais banquier qui, au lieu d’admettre que le prêt accordé à la société en faillite a « sauté », il lui accorde des prêts supplémentaires, prétextant que les anciennes dettes restent servies et prolonge ainsi la faillite à perpétuité.
Il s’agissait pourtant d’ une question de bon sens de voir que l’application de la doctrine «extend and pretend» [étendre les maturités de la dette et prétendre que payer les intérêts ne pose aucun problème] dans le cas de mon pays aboutirait à une tragédie. Qu’au lieu de stabiliser la Grèce, l’application de ce dogme installerait une crise auto-alimentée qui sape les fondations de l’UE.
Notre parti, et moi-même, nous nous sommes opposés à l’accord de prêt de mai 2010, non pas parce que l’Allemagne et nos autres partenaires ne nous ont pas donné assez d’argent, mais parce que vous nous avez donné beaucoup plus d’argent que ce qu’il fallait et que nous pouvions accepter. De l’argent qui par ailleurs ne pouvait ni aider le peuple grec puisqu’il disparaissait aussitôt dans le trou noir du service de la dette ni arrêter l’alourdissement continu de celle-ci, obligeant de la sorte nos partenaires prolonger ce fardeau à perpétuité aux frais des citoyens.
Et cette vérité était bien connue par les gouvernants allemands, mais ils n’ont jamais voulu vous la dévoiler.
Et en effet, et avant même que la première année ne se soit écoulée et depuis 2011, nos prévisions ont été vérifiées. L’enchaînement des nouveaux prêts aux réductions drastiques des dépenses a non seulement échoué à dompter la dette, mais il a par surcroît puni les citoyens les plus faibles, en transformant les citoyens ordinaires qui avaient un emploi et un toit à des chômeurs sans-abri qui ont tout perdu, de plus, leur dignité.
L’effondrement des revenus a conduit à la faillite de milliers d’entreprises, augmentant ainsi le pouvoir oligopolistique des entreprises qui ont survécu. De ce fait, les prix diminuaient moins que les revenus tandis que les dettes, publiques et privées, ne cessaient de s’alourdir. Dans ce contexte, où le déficit d’espoir a dépassé tous les autres déficits «l’œuf du serpent » n’a pas mis longtemps pour éclore – et les néo-nazis ont commencé à patrouiller les quartiers en semant la haine.
Malgré son échec manifeste, la logique de «extend and pretend» continue à s’appliquer systématiquement encore aujourd’hui. Le deuxième accord de prêt de 2012, a ajouté une charge supplémentaire sur les épaules affaiblies de l’état grec, en réduisant les fonds de pension, en donnant un nouvel élan à la récession, en finançant aussi une nouvelle kleptocratie avec l’argent de nos partenaires.
Des commentateurs sérieux ont parlé récemment de stabilité et même de croissance à propos de mon pays pour « prouver » que les politiques appliquées ont été efficaces. Aucune analyse sérieuse ne soutient cette «réalité» virtuelle. L’ augmentation récente de 0,7% du revenu national réel ne marque pas la fin de la récession mais sa poursuite, puisqu’elle a été réalisée dans une période d’inflation de 1,8%, ce qui signifie que (en euros) le revenu national a continué de baisser. Simplement, il diminue moins que la moyenne des prix – tandis que les dettes augmentent.
Cet effort de mobilisation des «statistiques grecques», pour démontrer que l’application de la politique de la troïka est efficace en Grèce, est outrageant pour tous les européens qui ont enfin le droit de connaître la vérité.
Et la vérité est que la dette publique grecque ne peut pas être honorée tant que l’économie sociale grecque se trouve en situation de simulation de noyade budgétaire (fiscal waterboarding) .
En outre, persévérer dans ces politiques misanthropes et sans issue, dans le refus de reconnaître une simple question d’arithmétique, coûte au contribuable allemand et condamne en même temps un peuple fier à l’indignité. Et le pire: de cet fait, les Grecs se retournent contre les Allemands, les Allemands contre les Grecs, et l’idée d’une Europe Unie Démocratique est offensée cruellement.
L’Allemagne, et plus particulièrement le contribuable allemand qui travaille dur n’a rien à craindre d’un gouvernement SYRIZA. Au contraire. Notre objectif n’est pas d’entrer en conflit avec nos partenaires. Notre objectif n’est pas d’obtenir des prêts supplémentaires ou un blanc-seing pour de nouveaux déficits. Notre objectif est la stabilité économique, des budgets primaires équilibrés et, bien sûr, la cessation des saignées fiscales opérées sur les contribuables depuis quatre ans par un accord de prêt inadéquat aussi bien pour la Grèce que pour l’Allemagne. Nous exigerons la fin de l’application du dogme «extend and pretend» non pas contre le peuple allemand, mais pour le bénéfice de nous tous.
Je sais, chers lecteurs, que derrière les demandes d’une «stricte application des accords» se cache la peur que « si nous laissons les Grecs de faire ce qu’ils veulent, ils vont refaire le même coup». Je comprends cette inquiétude. Mais ce n’était pas SYRIZA qui a érigé en institutions dans mon pays la collusion des intérêts privés et la kleptocratie qui feignent de se soucier de l’observation «des accords» et des réformes puisque celles ci ne les affectent pas, comme le démontrent les quatre dernières années des réformes engagées par le gouvernement Samaras sous la direction de la troïka. Nous, nous sommes prêts à entrer en conflit avec ce système afin de promouvoir des réformes radicales au niveau du fonctionnement de l’état, en établissant la transparence de l’administration publique, la méritocratie, la justice fiscale, la lutte contre le blanchissement d’argent. Ce sont ces réformes que nous soumettons à l’appréciation des nos citoyens aux prochaines élections.
Notre objectif est la mise en place d’ un New Deal pour l’ensemble de la zone euro qui permettra aux grecs comme à l’ensemble des peuples européens de respirer, de créer, de vivre avec dignité. Avec une dette publique socialement viable. Avec une croissance qui est stimulée par des investissements publics financés – seul moyen de sortir de la crise – et non pas par la recette échouée de l’austérité qui ne fait que recycler la récession. En renforçant la cohésion sociale, la Solidarité et la Démocratie.
Le 25 Janvier en Grèce, une nouvelle opportunité surgit pour l’Europe. Ne ratons pas cette chance ».
(Traduction:Vassiliki Papadaki)
Les mots mis en italique l’ont été par moi.
La Grèce se prépare à nationaliser son système bancaire...
par Audrey Duperron · 04 avr. 2015
La Grèce se prépare à nationaliser son système bancaire et à introduire une monnaie parallèle, pour rester en mesure de payer ses dettes. Selon des sources au sein du parti au pouvoir SYRIZA, le gouvernement est décidé à maintenir les services publics opérationnels et à payer les pensions, plutôt que de rembourser un prêt de 458 millions d'euros qui devait être payé au FMI le 9 Avril. (Le 8 Avril, le Premier ministre Tsipras rencontre le président russe, Vladimir Poutine, à Moscou). Le pays ne dispose pas assez d'argent dans ses caisses pour payer cette échéance, et assurer en même temps le paiement des salaires et des prestations sociales dus le 14 avril, et sans aide de l’Europe, il ne pourra donc pas remplir ses obligations.
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Promesse d'un référendum en Grèce
Lire : http://politproductions.com/content/r%C3%A9f%C3%A9rendum-en-gr%C3%A8ce-…
Grèce: la version intégrale de l'accord annoté par Y. Varoufakis
Grèce : la version intégrale de l'accord annoté par Yanis Varoufakis
Le HuffPost | Par Jean-Baptiste Duval
Publication: 15/07/2015 21h56 - Mis à jour: il y a 51 minutes
GRÈCE - L'ex-ministre des finances grec Yanis Varoufakis, démis de ses fonctions au lendemain du référendum du 5 juillet, ne s'est pas résigné à prendre une retraite discrète. Au contraire. Après plusieurs interventions musclées et à quelques heures du vote du Parlement sur l'accord du 13 juillet, celui-ci a publié une version intégrale du texte, avec ses remarques et annotations corrosives.
En voici ci-dessous la version intégrale traduite en français (les annotations figurent en gras):